Dans les rues, sur les réseaux sociaux, dans les discussions quotidiennes, la haine s’est immiscée dans notre société, rongeant nos valeurs fondamentales comme un poison insidieux. Aujourd’hui, cette haine ne se contente plus de diviser, elle se nourrit d’un ethnocentrisme nauséabond qui gangrène notre nation. La haine est devenue un compagnon silencieux mais puissant, qui menace non seulement notre cohésion sociale, mais également notre avenir commun.
La Haine : Un Ennemi Commun.
Il est temps de faire face à une réalité troublante : la haine n’a ni visage, ni ethnie, ni couleur. Elle ne fait pas de distinction entre les régions, les religions, ou les affiliations politiques. Ce qui lui importe, c’est de diviser, d’envenimer les relations et de semer la discorde là où il devrait y avoir solidarité et fraternité.
Nous avons été trop longtemps piégés par un jeu cruel où les prétendus ennemis ne sont pas ceux que nous croyons. En réalité, le véritable ennemi, celui qui ronge notre tissu social, c’est cette haine que nous nourrissons les uns envers les autres. La haine n’a pas d’amis, elle se nourrit de nos peurs, de nos insécurités, et surtout de notre ignorance.
Le Piège de l’Ethnocentrisme.
Le spectre de l’ethnocentrisme qui plane sur notre pays n’est pas un phénomène nouveau, mais il a atteint aujourd’hui un paroxysme inquiétant. Trop souvent, nous avons été conditionnés à croire que l’autre, parce qu’il est différent, est un obstacle à notre propre épanouissement. C’est cette croyance erronée qui alimente des discours d’exclusion et de discrimination. Pourtant, la diversité de nos origines, langues et cultures devrait être perçue comme une richesse inestimable, non comme un motif de division.
L’ethnocentrisme est un poison lent qui transforme les citoyens d’une même nation en adversaires, aveugles aux véritables défis auxquels ils sont confrontés. En nous enfermant dans des identités étriquées, nous négligeons la force d’une Guinée unie, capable de relever les défis du développement, de la croissance économique et de la paix sociale.
Rediriger la Haine Contre Elle-même.
Il est temps de détourner la haine de ses cibles habituelles, ces frères et sœurs que nous avons, à tort, appris à considérer comme des ennemis. La véritable bataille que nous devons mener n’est pas contre nos compatriotes, mais contre cette haine elle-même. Il nous faut la regarder en face, la désarmer, et la détruire avant qu’elle ne nous détruise.
Comment ? En changeant de paradigme. En apprenant à voir l’autre non pas comme une menace, mais comme un partenaire avec qui nous partageons un destin commun. En refusant de céder aux sirènes des discours simplistes qui opposent les uns aux autres. En investissant dans l’éducation pour apprendre aux générations futures que l’empathie et la solidarité sont les seuls chemins viables vers un avenir prospère.
Un Appel à l’Unité.
La Guinée a besoin de paix. La paix ne se décrète pas, elle se construit, patiemment, à travers des gestes quotidiens de respect, d’écoute et d’entraide. Pour cela, il faut d’abord désarmer nos cœurs. Laisser tomber ces rancunes héritées d’un passé douloureux, ces préjugés qui nous ont été transmis comme un héritage empoisonné.
La Guinée de demain sera celle que nous déciderons de bâtir aujourd’hui. Une Guinée où les différences ne seront plus des failles à exploiter, mais des ponts à bâtir. Une Guinée où la jeunesse, portée par des valeurs de tolérance et d’inclusion, pourra se lever pour dire « non » à la haine et « oui » à l’unité.
Il est temps de faire ce choix courageux : détourner la haine de ses cibles habituelles pour la diriger contre elle-même. Car en réalité, c’est la haine elle-même qui est notre véritable ennemie. Faisons d’elle notre combat, et ensemble, tournons la page pour écrire un nouveau chapitre de notre histoire nationale — un chapitre marqué par la paix, l’unité et la prospérité partagée.
Abdourahamane NABE
Responsable Mécénat Santé et Solidarité.
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