L’Alliance des Forces pour la Démocratie et le Développement (AFDD) et l’Union Sacrée des Forces Vives de Guinée (USFVG) ont tenu une conférence de presse ce lundi 27 octobre à Conakry. Lors de cette rencontre, ces deux coalitions ont exprimé leurs préoccupations concernant le processus électoral à venir et ont demandé le report de l’élection présidentielle initialement prévue pour le 28 décembre 2025.
Mamadou Oury Diallo, porte-parole des deux coalitions, a pris la parole pour souligner plusieurs irrégularités dans la mise en place du cadre électoral. Selon lui, « après la promulgation de la nouvelle constitution par le chef de l’État, suite au référendum constitutionnel, les choses vont visiblement si vite que les acteurs intéressés à ce processus se trouvent pris au dépourvu à chaque étape. »
Il a ajouté que l’objectif d’une élection est de permettre aux citoyens de choisir leur représentant de manière juste et libre, tout en garantissant la légitimité du pouvoir.
Cependant note Ibrahima Sory: « cela ne peut être atteint que si les acteurs concernés sont écoutés, impliqués et pris en compte. »
L’AFDD et l’USFVG ont ainsi exprimé leur inquiétude face à un manque de concertation et d’inclusivité, des principes essentiels pour assurer la transparence et la fiabilité d’un processus électoral. Ils ont déploré que des décisions majeures relatives au processus électoral soient souvent annoncées à la dernière minute, privant de facto certains acteurs politiques et sociaux de la possibilité de participer pleinement.
L’un des points de tension majeur soulevé lors de cette conférence porte sur le nouveau code électoral, adopté après la promulgation de la constitution. Après analyse, l’AFDD et l’USFVG ont relevé plusieurs incohérences entre le code électoral et la constitution. Mamadou Oury Diallo a précisé que certaines dispositions du code sont « contraires aux garanties constitutionnelles telles que le principe de présomption d’innocence, les conditions d’inéligibilité et l’égalité de traitement des électeurs. »
Un des exemples les plus flagrants concerne l’article 127 du code électoral, qui fixe l’âge minimum pour être candidat à la présidentielle. Cet article, selon les deux coalitions, est en contradiction avec l’article 45 de la constitution, qui devrait primer. Ils estiment que ce type de non-conformité soulève de sérieuses questions sur la légitimité de la loi.
De plus, l’AFDD et l’USFVG ont pointé du doigt l’article 248 du code électoral, qui limite le parrainage des candidatures indépendantes. Ce texte restreint le parrainage des candidatures à la présidentielle aux seuls maires, excluant les conseillers municipaux, les députés et les citoyens. « Cette restriction ne respecte pas les principes d’inclusivité et d’égalité des citoyens face au processus électoral, » a ajouté Mamadou Oury Diallo.
Face à ces anomalies, les deux coalitions ont annoncé leur intention de déposer un mémorandum politique auprès du Conseil national de la transition (CNT), dans lequel elles demandent la révision du code électoral pour qu’il soit en conformité avec la constitution. Le mémorandum sera déposé au CNT dès aujourd’hui, a précisé Diallo.
Concernant l’élection présidentielle, l’AFDD et l’USFVG ont réitéré leur demande de report : « Nous avons adressé une lettre ouverte commune au président de la République, le général Mamadi Doumbouya, visant le report de l’élection présidentielle prévue pour le 28 décembre 2025, » a déclaré Mamadou Oury Diallo. Selon lui, ce report offrirait la possibilité à tous les acteurs politiques, sociaux et citoyens de participer pleinement à la préparation du scrutin, en toute confiance.
Les deux coalitions estiment que ce délai supplémentaire permettrait aussi d’organiser une concertation plus inclusive, dans le but d’assurer un processus électoral juste et équitable : << Cela permettra d’éviter une crise électorale et de garantir la stabilité du pays en cette période de transition, >> a souligné Diallo.
Pour l’AFDD et l’USFVG, la transition en cours en Guinée doit se terminer sur une note de succès. Elles estiment que le respect des principes démocratiques et constitutionnels est essentiel pour la crédibilité du processus électoral et la stabilité politique du pays : << Nous voulons une belle fin de transition pour la Guinée, où tous les acteurs se sentent impliqués et écoutés >> , ont conclu les deux coalitions.
Gnima Aïssata Kébé










