À la 60ème session du Conseil des droits de l’homme des Nations Unies, Abdoul Sacko, Coordinateur national du Forum des Forces Sociales de Guinée (FFSG), est intervenu au nom de la Rencontre Africaine de Défense des Droits de l’Homme (RADDHO). Son discours, prononcé dans le cadre de l’examen du rapport guinéen au 4ème Cycle de l’Examen Périodique Universel (EPU), a mis en lumière les violations des droits fondamentaux dans le pays.
D’entrée, il a rappelé avoir été personnellement victime d’exactions. « Permettez-moi de remercier la communauté de Défense des Droits de l’Homme, au niveau national et international, pour sa forte mobilisation qui m’a sauvé la vie avec ma famille des tortures physiques et psychologiques subies pendant mon enlèvement la nuit du 18 au 19 février 2025, à domicile, par les hommes en treillis. »
Évoquant le rapport présenté par la délégation guinéenne, il a jugé le document incomplet. « Malgré les réformes brandies, le rapport n’a aucun sens s’il ne mentionne pas les moments les plus sombres avec plusieurs cas de disparitions forcées d’opinions contradictoires. Et cela, sans aucun acte de justice qui donne de l’espoir aux familles des disparus et à l’opinion publique. »
Il a également dénoncé l’attitude des autorités de transition face aux libertés publiques. « Contrairement à toutes les lois et conventions en vigueur, y compris la charte de la transition, que dire de la criminalisation et la répression sans état d’âme par les autorités de la Transition de toute volonté d’opposition à la mauvaise gouvernance, y compris les manifestations pacifiques ? »
Concernant le procès des massacres du 28 septembre 2009, Abdoul Sacko a exprimé sa déception. « La tenue du procès avec l’indemnisation des victimes, que tout le monde a salué, aurait eu plus de sens si elle avait eu des impacts positifs en matière de respect de la vie et de la dignité humaines sur la conduite des autorités politiques et judiciaires qui l’ont portée. »
Enfin, il a dénoncé la fermeture progressive de l’espace public et médiatique. « La restriction gravissime des libertés de presse et de l’espace public devient la norme du processus de retour à l’ordre constitutionnel, contre les principes et les valeurs démocratiques. »
En conclusion, l’orateur a formulé des recommandations claires. « La RADDHO demande à la Guinée de saisir cette opportunité pour élucider la situation des victimes de disparitions forcées, libérer les détenus politiques connus ou anonymes et rendre justice aux victimes d’enlèvement et de tortures multiformes dont je suis le symbole vivant avec les séquelles. »
Alpha Oumar DIALLO