Si les avocats de la défense s’opposent à requalification des faits dans cette affaire du 28 septembre 2009, les avocats de la partie civile par contre, tiennent à ce que cette demande soit accueillie favorablement par le tribunal. C’est du moins ce qu’a soutenu Me Amadou DS Bah, de la partie civile, dans une interview donnée aux journalistes, pendant la pose des audiences, ce lundi 18 mars 2024 au tribunal criminel de Dixinn délocalisé à Kaloum.
« On n’est pas surpris du désarroi de la défense. Mais qu’à cela ne tienne, il est important de rappeler qu’il y a eu beaucoup d’amalgames qui ont été distillés par la défense aujourd’hui, notamment en ce qui concerne l’autorité de la chose jugée. Je voudrais dire haut et fort, qu’il n’y a jamais eu l’autorité de la chose jugée d’autant plus que, il y a une confusion entre la phase de l’information et la phase du jugement » dit-il.
Poursuivant, il précise que la phase de l’information étant achevée avec l’ordonnance de renvoi qui a saisi le tribunal, que l’ordonnance de renvoi n’est plus qu’à titre indicatif.
« Donc, la formation du jugement doit prendre toutes les dispositions utiles pour la manifestation de la vérité. Mais les débats reprennent pendant la phase de jugement, justement parce que, cette ordonnance de renvoi n’est plus qu’à titre indicatif. Raison pour laquelle il y a le ministère public, et les parties civiles ont pleinement le droit de solliciter la requalification tant que les débats ne sont pas clos. Et c’est ce que le ministère public a fait. C’est ce que les parties civiles ont fait. Et nous espérons que cette demande va être accueillie favorablement par le tribunal, afin que ceux qui doutaient un peu ou qui avait une petite porte de sortie dans cette affaire, puissent condamner parce que, l’objectif, c’est de mettre fin à l’impunité et surtout ratisser large » estime Me. Amadou DS Bah
Parlant de ce qu’il appelle mauvaise foi des détenus, Amadou DS Bah précise.
« Parce que, depuis le début de cette affaire, vous avez constaté la mauvaise foi des accusés qui ont indiqué n’avoir pas été au stade, mais nous savons tous que les bérets rouges qui ont quitté le camps Alpha Yaya, et qui se sont dirigés pour cette expédition punitive, étaient sur les ordres du capitaine Moussa Dadis Camara. Donc nous, nous n’avons aucune crainte. Nous répondons à tout ce qui a été distillé ici par la défense, et nous savons que nous convaincrons le tribunal pour que cette requalification soit obtenue afin que les débats continuent ».
Pour Me. Paul Yomba, avocat d’Aboubacar Toumba Diakité, cette décision de requalifier les faits, est une déception.
« On vient nous dire de requalifier les faits. C’est à dire d’abord que c’est un crime économique qui est entrain d’être commis. Avec tout ce qui a été fait ici, tous les investissements, toutes les forces d’ordre et de sécurité qui sont là, et tous les magistrats qui sont logés. On nous dit de revenir à la case départ, c’est une déception. Le tribunal est constitué d’une grande densité, d’un grand potentiel intellectuel. Ils vont s’abreuver sur ce que nous avons dit. Et seule la loi sera appliquée, or nous sommes dans un procès à connotation nationale et, internationale, qui a dépassé les limites de l’Afrique. Le monde entier s’est déjà fait une intelligence de cette affaire. C’est le tribunal à la barre » affirme Paul Yomba Kourouma
Gnima Aїssata KEBE