Le procès des massacres du 28 septembre 2009 s’est poursuivi ce mardi 30 janvier 2024 au tribunal criminel de Dixinn délocalisé à Kaloum, avec le témoignage de Mandjan Sidibé journaliste à titre de témoin. Ce natif de Kouroussa n’étant pas présent sur le lieu du crime relate les faits, selon les informations qu’il a reçu.
« J’ai reçu sur les antennes de la radio planète feu honorable Jean Marie Doré. Malheureusement les archives n’existent plus puisque la radio a été vendue à mon absence, elle a été saccagée lorsqu’on a voulu m’arrêter le 17 novembre 2013. Donc, il m’a dit que personnellement, il s’était impliqué pour éviter ces douloureux événements d’autant plus qu’il s’est personnellement déplacé pour aller voir le Capitaine Dadis. Et qu’il lui a dit: « mon fils, ce n’est pas la peine d’empêcher la tenue de ce meeting. À travers ce meeting vous pouvez rentrer dans l’histoire. Si vous ne réprimez pas, soyez démocrate, laissez-nous manifester. Vous pouvez encadrer la manifestation mais ne réprimez pas, ne reportez pas la date, vous pouvez rentrer dans l’histoire. » En réponse, que Dadis lui aurait dit: « à son niveau, il n’y a pas de problème. Mais qu’il y’a certaines personnes dans son entourage, elles n’entendent pas de cette oreille notamment, Monsieur Papa Koly Kourouma et qu’il ferait mieux d’aller lui voir et que celui-ci devait voyager avec le général Sékouba, ministre de la défense à l’époque. Donc qu’il (feu Jean Marie Doré) s’est rendu à l’aéroport. Et quand il arrivait Papa Koly était déjà sur le tarmac, il l’a hélé par son nom et s’est arrêté. C’est là-bas il m’a rappelé que le climat n’était pas du tout bon entre lui et Papa d’autant plus que celui-ci était son adjoint dans son parti. Donc, difficilement Papa l’a écouté. Il a dit: j’ai été voir Dadis. Il a expliqué à Papa ce qui s’est passé entre lui et Dadis. Que Papa lui a répondu: « si vous sortez, on va vous massacre. » Donc, qu’il lui a dit de toute façon ce n’était pas la bonne manière, vous ferez mieux de parler à Dadis et aux autres pour ne pas que cette manifestation non seulement soit reportée, mais qu’on nous empêche aussi de la tenir. Et que selon les informations à sa disposition, c’est le Général Toto qui a signé la réquisition pour que l’armée soit déployée. Et que selon ses informations après qu’il ait parlé avec Papa Koly que celle-ci aurait appelé le Colonel Thiègboro pour lui dire s’ils sortent, vous les massacrez. C’est honorable qui me le dit, et c’était à l’antenne. Donc, que Papa Koly lui a même dit ça avant de quitter que je vais appeler Thiègboro, si vous sortez, on va vous massacrer. Et qu’effectivement selon ses informations, Papa avait appelé Thiègboro. Et donc pour lui, c’est l’un des responsables de ce massacre et puis Thiègboro aussi est un élément important par rapport à ces événements douloureux.Donc je tiens ces informations de lui ».
Ensuite, l’actuel directeur général de l’office guinéen de publicité (OGP) soutient qu’étant à Paris, qu’il a eu d’autres informations selon lesquelles il y a eu trois camions militaires transportant des corps qui ont transité par le camp Samory:
« Deux camions aussi qui n’étaient pas militaires, mais conduits par des militaires et qui ont transité par le domicile de l’ancien président, feu Général Lansana Conté. Que ces deux camions étaient stationnés là-bas et que c’est le contenu de ces camions qui a été déversé dans une fosse commune derrière la piste d’atterrissage (Faban). Donc, j’ai communiqué ces informations via les réseaux sociaux, pour que des pistes soient données aux enqueteurs. Et par rapport à ces deux charniers qui étaient stationnés au domicile de l’ancien président, on m’a cité des noms qui étaient impliqués dans la gestion notamment l’ancien ministre, Remy Lamah, Édouard Théa (ancien diplomate) au moment où je passais l’émission, celui-ci était en poste en Angola. On m’a dit qu’il faisait parti des personnes qui ont géré ces corps. En plus, il y’a un certain Cheikh Diabaté qui était au moment des faits selon ce qu’on m’a dit au service des renseignements du CNDD. Donc ce sont eux qui ont géré en toute discrétion ces deux camions qui étaient stationnés au domicile de l’ancien président Général Lansana Conté qui sont différents des trois camions militaires. Et qu’il y’avait plusieurs fosses communes mais notamment celle dont on m’a parlé qui a reçu le contenu de ces (2) camions, est bien sûr la fosse commune de Faban. Donc, en gros c’est ce que j’ai relayé sur les réseaux sociaux et je l’ai bien dit c’est selon des sources » conclu Mandian Sidibé à la barre.
Gnima Aïssata Kébé