Il peut paraître présomptueux pour un jeune cadre de s’adresser de manière formelle à ses compatriotes à l’occasion de la fête d’indépendance, tellement le moment est solennel, et est traditionnellement réservé à des hautes autorités.
Pourtant, j’ai ressenti un besoin fort de m’exprimer pour vous partager, mes frères et sœurs, ma passion pour notre pays et mes espoirs.
A mon avis, la solennité ne devrait pas empêcher une appropriation populaire de cette date historique pour notre pays. Nous devons tous partager nos émotions et dépeindre la Guinée que nous aimerions contribuer à bâtir.
C’est pourquoi, je commencerai par saluer toutes les initiatives citoyennes, notamment de jeunesse, pour la commémoration de cette date.
𝗖𝗵𝗲𝗿(𝗲)𝘀 𝗮𝗺𝗶(𝗲)𝘀, en cette heureuse occasion de la célébration de notre indépendance, acquise il y a exactement 64 ans,
j’aimerais que l’on rende un vibrant hommage aux pères de notre nation que sont les compagnons de l’indépendance,
j’aimerais que l’on rende un hommage tout aussi grand à la grande résilience de nos populations, qui fait que notre pays a survécu à des nombreux et douloureux évènements induits par des crises internes et des chocs externes.
𝗖𝗵𝗲𝗿(𝗲)𝘀 𝗮𝗺𝗶(𝗲), la date anniversaire de notre indépendance, ce 02 Octobre, est une date de communion, d’une immense joie, de réjouissances collectives et historiques.
𝗛𝗶𝘀𝘁𝗼𝗿𝗶𝗾𝘂𝗲𝘀 ! car si en ce jour, notre peuple dans une grande unité a pris son destin en main, il avait su comme seuls ces moments singuliers de l’histoire le permettent, montrer à l’ancienne puissance coloniale qu’il n’y avait aucune alternative à la liberté et à la dignité de notre peuple, et plus largement des peuples anciennement colonisés.
𝗡𝗼𝘀 𝗱𝗲𝘃𝗮𝗻𝗰𝗶𝗲𝗿𝘀 𝗹’𝗼𝗻𝘁 𝗲𝘅𝗽𝗿𝗶𝗺é 𝗱𝗲 𝘃𝗶𝘃𝗲 𝘃𝗼𝗶𝘅 : « 𝗻𝗼𝘂𝘀 𝗽𝗿éfé𝗿𝗼𝗻𝘀 𝗹𝗮 𝗹𝗶𝗯𝗲𝗿𝘁𝗲́ 𝗱𝗮𝗻𝘀 𝗹𝗮 𝗽𝗮𝘂𝘃𝗿𝗲𝘁é à 𝗹𝗮 𝗿𝗶𝗰𝗵𝗲𝘀𝘀𝗲 𝗱𝗮𝗻𝘀 𝗹’𝗲𝘀𝗰𝗹𝗮𝘃𝗮𝗴𝗲 ». Cet attachement à la liberté est une des constantes de l’histoire notre pays. Il faudrait la comprendre doublement.
𝐓𝐨𝐮𝐭 𝐝’𝐚𝐛𝐨𝐫𝐝, une liberté immédiate par rapport à la puissance coloniale, donc notre indépendance. 𝐄𝐧𝐬𝐮𝐢𝐭𝐞, une suppression progressive de toutes les entraves et privations pour accroître le champ des possibles, donc des opportunités, pour les guinéens.
Ainsi, si l’indépendance constituait en soit une finalité pour le feu 𝐏𝐫é𝐬𝐢𝐝𝐞𝐧𝐭 𝐀𝐡𝐦𝐞𝐝 𝐒é𝐤𝐨𝐮 𝐓𝐨𝐮𝐫é, en raison de son attachement à l’égalité entre les peuples, elle constituait ; pour les populations, 𝐩𝐨𝐮𝐫 𝐥𝐞 𝐩𝐞𝐮𝐩𝐥𝐞 𝐝𝐞 𝐆𝐮𝐢𝐧é𝐞 un moyen pour lutter contre toutes les formes de privations, notamment celles en lien avec la pauvreté, le manque d’infrastructures ou encore des organisations sociales perméables à des inégalités absurdes. En conséquence, le développement, 𝐯𝐮 𝐜𝐨𝐦𝐦𝐞 𝐮𝐧𝐞 𝐞𝐱𝐭𝐞𝐧𝐬𝐢𝐨𝐧 𝐜𝐨𝐧𝐭𝐢𝐧𝐮𝐞 𝐝𝐞𝐬 𝐩𝐨𝐬𝐬𝐢𝐛𝐢𝐥𝐢𝐭é𝐬 𝐝𝐞 𝐭𝐫𝐚𝐯𝐚𝐢𝐥𝐥𝐞𝐫 𝐝𝐚𝐧𝐬 𝐝𝐞𝐬 𝐦𝐞𝐢𝐥𝐥𝐞𝐮𝐫𝐞𝐬 𝐜𝐨𝐧𝐝𝐢𝐭𝐢𝐨𝐧𝐬, 𝐬𝐞 𝐧𝐨𝐮𝐫𝐫𝐢𝐫, 𝐬𝐞 𝐬𝐨𝐢𝐠𝐧𝐞𝐫, 𝐬𝐞 𝐟𝐨𝐫𝐦𝐞𝐫, constitue un des espoirs fondateurs de notre pays, nous l’oublions souvent, peut-être parce que la tâche est particulièrement ardue ! 𝙄𝙡 𝙚𝙨𝙩 𝙩𝙚𝙢𝙥𝙨 𝙙𝙚 𝙢𝙚𝙩𝙩𝙧𝙚 𝙡’𝙚𝙢𝙥𝙝𝙖𝙨𝙚 𝙨𝙪𝙧 𝙘𝙚𝙩 𝙖𝙨𝙥𝙚𝙘𝙩, 𝙘’𝙚𝙨𝙩-𝙖̀-𝙙𝙞𝙧𝙚 𝙡’𝙖𝙩𝙩𝙚𝙞𝙣𝙩𝙚 𝙙𝙚𝙨 𝙤𝙗𝙟𝙚𝙘𝙩𝙞𝙛𝙨 𝙙𝙚 𝙙é𝙫𝙚𝙡𝙤𝙥𝙥𝙚𝙢𝙚𝙣𝙩.
𝗖𝗵𝗲𝗿(𝗲)𝘀 𝗮𝗺𝗶(𝗲)s, Depuis les travaux de A. Sen sur les « capabilities », l’humanité est d’accord plus que jamais qu’il ne faut pas opposer « la liberté de » perçue comme une absence d’entraves à la liberté, comme une absence de contraintes, à la « liberté à » qui prend en compte ce qu’un individu est capable ou incapable d’accomplir.
𝐌𝐞𝐬 𝐜𝐡𝐞𝐫(𝐞)𝐬𝐚𝐦𝐢(𝐞)𝐬, l’indépendance est une quête perpétuelle aux défis et contours sans cesse renouvelés. Cette quête ne peut enregistrer un succès durable sans que soit renforcé l’unité, la cohésion et la tolérance entre les différentes composantes de notre pays. Toutes nos différences, ethniques, politiques ou religieuses, devraient nous conduire à plus de sanakouya, donc plus d’amitié et plus de franches rigolades.
𝐌𝐞𝐬 𝐜𝐡𝐞𝐫(𝐞)𝐬𝐚𝐦𝐢(𝐞)𝐬, la souveraineté est également une quête qui exige que l’on s’adapte et que l’on se réinvente selon les exigences du moment et les évolutions de l’humanité. Les objectifs et méthodes spécifiques mobilisés par nos illustres devanciers à l’indépendance ne sont peut-être plus pertinents pour notre époque.
𝐌𝐞𝐬 𝐜𝐡𝐞𝐫(𝐞)𝐬𝐚𝐦𝐢(𝐞)𝐬, la quête de la souveraineté exige également que l’on garde un encrage profond dans notre culture mais en même temps que l’on aille à la rencontre de la culture universelle pour y contribuer et y puiser le meilleur des autres.
𝐌𝐞𝐬 𝐜𝐡𝐞𝐫(𝐞)𝐬𝐚𝐦𝐢(𝐞)𝐬, notre souveraineté, vous vous en doutez, doit être également économique. Nous devons sur un élan d’accomplissement individuel et collectif, travailler, innover pour créer de la valeur. Nous devons bâtir une société de production (agricole, industrielle, etc.) mais aussi de prestation de services parmi les plus performantes.
Pour ce faire nous devons nous débarrasser de nos petites peurs, de nos préjugés, de nos reflexes d’exclusion, l’approximation et de la facilité. Nous devons opter l’ouverture à l’inconnu, pour l’amour du travail bien accompli, la culture de l’égalité entre tous les citoyens, la promotion du mérite.
𝗖𝗵𝗲𝗿(𝗲)𝘀 𝗮𝗺𝗶(𝗲), à chacun d’entre nous sa vocation, sa passion, son génie. Parmi nous, il y a des ingénieurs, des magistrats, des comptables, des journalistes, des ouvriers qualifiés, des artistes, des sportifs, des artisans, des chercheurs, des administrateurs, des entrepreneurs et que sais je encore. C’est la bonne coordination de toutes nos actions individuelles dans nos différentes fonctions et métiers, 𝐬𝐨𝐮𝐬 𝐥𝐞 𝐫𝐞𝐠𝐚𝐫𝐝 𝐝’𝐮𝐧 𝐄𝐭𝐚𝐭 𝐛𝐢𝐞𝐧 𝐯𝐞𝐢𝐥𝐥𝐚𝐧𝐭 𝐞𝐭 𝐩𝐫𝐨𝐭𝐞𝐜𝐭𝐞𝐮𝐫 𝐝𝐞 𝐜𝐡𝐚𝐜𝐮𝐧 𝐞𝐭 𝐝𝐞 𝐭𝐨𝐮𝐬, qui fera qu’on réalisera le potentiel énorme de notre pays.
Je veux dire une Guinée harmonieuse et prospère, des guinéens heureux et solidaires dans la justice. Si nous le désirons au fond de nous-même, nous pourrons relever ce défi en restant exigeant vis-à-vis de nous même, en défendant en tout circonstance la liberté, la justice et la protection des plus faibles.
𝗖𝗵𝗲𝗿(𝗲)𝘀 𝗮𝗺𝗶(𝗲), croyons-en ceci, croyons-y fermement, car c’est ce qu’ont fait tous les peuples que nous envions. Ils y ont cru sans jamais se relâcher malgré les péripéties et les vicissitudes sur leur longue marche vers l’harmonie, la prospérité et le bonheur.
𝗖𝗵𝗲𝗿(𝗲)𝘀 𝗮𝗺𝗶(𝗲): soyons tolérants à l’endroit de tout ce qui est différent : ethnie, religion, opinion politique, … Plus qu’une valeur, c’est une condition d’efficacité de nos actions collectives et de la consolidation de notre nation. Chacun d’entre nous doit se sentir investi de cette mission.
Ne négligeons jamais les efforts que nous fournissons au quotidien car comme le dit la sagesse populaire : « ce sont des gouttes qui font la rivière ». La bonne action inspirera toujours une autre bonne action, et c’est toute la société qui est ainsi transformée.
Que Dieu fasse de nous, des artisans d’une Guinée unie et prospère. Que le tout puissant pardonne nos illustres devanciers.
Que l’amour de la patrie, que la tolérance, illumine notre chemin. Que Dieu bénisse la Guinée et les guinéens.
Vive la République !
Bonne fête à toutes et tous !