Si la junte au pouvoir a eu le mérite de rassurer les Guinéens, si elle a mené son coup dans un climat empreint de grande sérénité avec moins d’excès de la part d’éléments incontrôlés, comme c’est souvent le cas en de pareil moment, ce sentiment d’assurance commence à céder la place à un autre. L’omerta sur le contenu et l’orientation de la transition demeure désormais une préoccupation largement partagée par l’opinion.
En effet, trois semaines après le coup d’État qui a écourté le troisième mandat d’Alpha Condé, les Guinéens ne savent encore rien, aussi bien de la composition du CNRD, que de la charte de la transition qui constitue la boussole de cette période d’exception qui devrait déboucher sur l’élection du nouveau Président de la République.
Faire vite et bien faire qui ne font souvent pas bon ménage, sont pourtant nécessaires pour mettre fin à ce climat d’expectation, et ainsi abréger la longue période d’incertitudes qui plane sur le pays.
Le temps joue bigrement contre la junte au pouvoir dont la prétention à refaire la Guinée trotte dans beaucoup d’esprits. Elle doit à cet effet hâter les pas, car la période de grâce s’érode à cause de la misère qui s’accentue.
Pour l’heure, point d’évolution. La machine CNRD semble prendre du plomb dans l’aile. L’agenda des nouveaux maitres serait bloqué au niveau des concertations interminables aux allures d’exutoire.
L’exercice bien muri par les initiateurs et certainement prolongé à souhait, devrait durer aussi longtemps que l’horizon restera grisonnant. Il serait la solution à porter de mains pour une junte qui a apparemment du mal à avancer. Sans doute, la solution qui empêche les esprits critiques de demander la suite du processus.
Trois semaines après, on ne connait toujours pas les noms de ces personnes qui devraient composer le premier gouvernement de la transition. Un autre goulot d’étranglement pour une junte qui s’est fixée des objectifs qui réduisent ses marges de manœuvres. Car les nouvelles têtes qui devraient bénéficier de ce précieux sésame ne doivent pas être ceux qui ont servi dans les hautes fonctions administratives sous le régime défunt, et bien au-delà. C’est du moins ce qu’a promis la junte au pouvoir il y a moins d’une semaine.
A travers son Président, la junte décide de ne pas recycler. Ces propos vagues et ambigus ne sont pas sans conséquence sur la formation du gouvernement.
Le choix d’un premier ministre qui devrait précéder à cela, pourrait faire l’objet d’un arbitrage difficile.
Trouver un cadre idéal de cette posture dont le parcours d’administrateur répond aux critères que se sont imposées les nouvelles autorités, s’avère difficile.
Ainsi, se pose la question du profil du nouveau patron du palais de la Colombe, lui qui doit conduire le dialogue entre les acteurs et veiller à l’application de la charte de la transition.
Autant de charges importantes et d’attentes cruciales pour le futur chef du gouvernement.
Mais hélas, la promesse de ne pas recycler et le fait de se borner surement dans des considérations moins objectives dictées par la cohorte d’usuriers des régimes qui rôdent autour, risquent d’amener la junte à faire des choix pas dénués d’impairs dommageables à l’atteinte des objectifs.
Lamine Mognouma