Nul besoin de rappeler la problématique d’opérateur dominant dans un marché aussi pertinent que celui de la téléphonie mobile et ses domaines annexes en République de Guinée. Nous sommes à près de 80% du revenu global détenu exclusivement par un opérateur sur un marché de trois (3) acteurs. Le deuxième opérateur sur le marché étant en insuffisance d’investissement et le deuxième au bord de la faillite, le quasi-monopole de fait est inévitable. Qu’est-ce que sait qu’un monopole de fait ? L’une des définitions les plus populaires du monopole de fait est en effet une situation économique dans laquelle toute concurrence est éliminée, soit naturellement par la puissance irrésistible d’une entreprise sur le marché, soit conditionnellement par l’intervention de la police qui, pour des raisons d’ordre public, refuse toutes les facilités qu’elle peut donner sur le domaine public à toute entreprise autre que celle de son choix. En considérant cette définition, l’on ne peut pas en vouloir à une société de mieux investir pour éliminer une concurrence présente et future ! Dans un environnement du genre, vous remarquerez que la régulation et l’évaluation ex ante et ex post du marché de façon graduelle et constante est primordiale. L’un des éléments très complexe de la régulation des marchés et environnements d’investissement.
Tous les observateurs sont d’accord aujourd’hui que le marché de la téléphonie mobile est saturé en Guinée et que ce qui reste à faire est l’intégration de stratégies ex post afin d’amoindrir l’impact de la dominance d’un opérateur unique dans un marché pertinent !
Cependant, la télécommunication ayant plusieurs segments, les deux derniers étant en situation de monopole de fait, le dernier segment qui est la fourniture d’accès à internet est en danger à cause de l’octroi des autorisations de fourniture d’internet fixe aux opérateurs de téléphonie. Mon avis à la fois d’observateur et de spécialiste desdites questions !
Problématique :
Il est important de savoir que le volume du marché de fourniture et d’accès à internet est très petit en Guinée entre 1 à 2 % du marché global du secteur. Sept (7) ou huit (8) opérateurs y ont investi et ledit marché est en pleine croissance avec l’arrivée des opérateurs locaux et étrangers dans le déploiement des infrastructures de transport qui permettront aux FAI d’avoir le support de transmission (Fibre optique) à moindre coût et ainsi fournir au ménage un service de qualité et peu couteux. Aujourd’hui, cette autorisation détenue par l’opérateur dominant est un risque à la fois pour le dynamisme des investissements et les emplois. Le risque de faillites des investisseurs locaux et étrangers en exercice et employant des centaines de personnes est pressant et sans équivoque si ladite autorisation n’est pas retirée.
La responsabilité première d’un Etat n’est-il-pas de créer de la richesse et des champions locaux afin de mieux impacter l’économie nationale et les conditions de vie de son peuple ? à signaler que cet état de fait ne doit pas aussi affecter et causer préjudice aux investissements étrangers ! Mais il n’est plus à démontrer que les investissements étrangers ont une croissance exporter en grande partie tandis que les investissements locaux y restent pour impacter positivement la croissance interne qui est la vraie croissance. Cette autorisation n’est-il-pas un fait qui créera un monopole légal ? Qui est la création d’une situation de monopole par le fait d’une police de gouvernance ou une réglementation impulsée par un régulateur sur un marché.
Risques :
L’autorisation de l’opérateur dominant à exercer dans un segment aussi petit et détenant une croissance économique autour de 10% l’an et un flux issu du mobile-money de 26 milliards/jour incontrôlé et peu régulé (Risque de blanchiment et de financement des activités illicites), le risque de dumping sur le marché dans une telle situation est inévitable dans un pays comme le nôtre. Le dumping est la fixation à bas prix d’un service ou produit de façon artificielle sur un marché afin d’éliminer toute concurrence et atteindre un monopole de fait sur une période déterminée et ensuite les réaugmenter quand le monopole sera acquis. Dans ce type de cas, la baisse des coûts est une illusion et la joie des consommateurs de courte durée. Ce risque est aujourd’hui présent et impactera probablement le secteur pour toujours si rien n’est fait par le régulateur ou le département en charge des télécommunications et de l’économie numérique.
Le deuxième risque est lié à la souveraineté et la sécurité publique qui se trouvent en danger ! Il faut comprendre qu’avec les technologies actuelles l’internet fixe ne peut être dissocié de la téléphonie fixe. L’internet fixe permet de fournir une offre triangulaire comprenant la TV, le téléphone fixe et le Wifi à domicile. Alors je vous laisse comprendre de vous-même le risque d’un monopole privé dans ce sens !
Pistes de solutions :
En effet la problématique d’accès à internet dans les foyers à un coût abordable est aujourd’hui une nécessite et un fer au four pour le pouvoir public. Mais faudrait-il pas résoudre ladite problématique avec des stratégies et décisions plus consistantes et moins fatales à la prospérité juvénile du secteur ?
Comme proposer plusieurs fois, la société Guinée tellement doit et devrait être cet outil étatique qui devrait permettre à résoudre à la fois cette problématique de taux d’accès d’internet dans les ménages et celle liée aux coûts. Mais avec ces dernières décisions du régulateur, les dernières chances pour Guinée Télécoms ne se sont-elles-pas amenuisées ?
En cette période de refondation et remise en cause des pratiques apatrides, la protection et la promotion du contenu local ne devraient-elles pas être une priorité dans tous les secteurs ? Par ailleurs, s’il faut résoudre la problématique du coût des services internet, la meilleure stratégie à mon avis sera d’agir sur les six (6) millions d’abonnés/utilisateurs en lieu et place d’un segment qui même avec plus d’investissements, ne pourra pas excéder les 40 000 utilisateurs/abonnés.
Enfin je répète encore en ces mots, l’amélioration de la qualité et la fourniture à moindre coût des services internet doit venir d’une stratégie nationale qui doit à la fois prendre en compte les taxes, redevances, coût des infrastructures et investissements.
KABA MAMADI
Spécialiste des Télécommunications & Développement Numérique
Auteur du livre :
« Les Freins du développement Numérique en Guinée et ma Vision »
Email : [email protected]