Le président de la transition, le général Mamadi Doumbouya, a annoncé la tenue de l’élection présidentielle pour le 28 décembre 2025. Mais cette échéance est-elle réaliste et conforme aux normes démocratiques ? Interrogé ce vendredi 3 octobre par notre rédaction, Dr Ibrahima Diallo, président du parti ADC-Boc et coordonnateur général de l’Union sacrée des Forces Vives de Guinée, a livré son analyse.
Sur la question de la Constitution, l’opposant estime qu’il est temps d’aller de l’avant, malgré les contestations qui avaient entouré son adoption : « Parlant de la Constitution qui est promulguée, nous pensons que cette Constitution est derrière nous. Malgré les réserves qu’on a émises par rapport à son adoption, il y a eu quand même un résultat qu’on nous a affiché. Maintenant, si une Constitution est acceptée, bonne ou mauvaise, nous ne sommes plus contre, dans la mesure où on doit avancer. »
Concernant la faisabilité du scrutin à la date indiquée, Dr Diallo pose plusieurs conditions : « Il y a encore le principe qui nous pousse vers des élections. Moi, je pense que pour que cette date soit tenue, il y a des préalables à régler. Ces préalables, d’abord, c’est un problème de consensus sur un code électoral. C’est un problème de consensus sur l’organisation des élections. Il faut mettre en place rapidement ce qu’on appelle l’organe technique indépendant de gestion des élections. Donc, si cet organe n’est pas en place, ça crée des soucis. »
Le coordonnateur national de l’Union sacrée des Forces Vives de Guinée regrette également le manque de concertation nationale autour du processus : « On ne peut pas aller aux élections sans pour autant se concerter, savoir effectivement comme on est dans une transition, comment on va aller aux élections. Nous n’avons déjà qu’un code électoral qui a été relu à Kindia.Est-ce que le CNT, après qu’ils vont finir leur boulot, aura le temps de présenter ça au peuple de Guinée ? Il faut qu’on respecte les principes de compétition, les principes d’inclusivité. Sinon, c’est construire une maison sur des sables mouvants. »
Pour Dr Diallo, l’expérience du passé doit servir de leçon : « On nous a imposé ici, au temps d’Alpha Condé, une Constitution votée par forcing. Nous ne sommes pas du tout d’accord qu’on avance avec des contestations. Aujourd’hui, le dialogue est derrière nous. On voit les facilitateurs qui ne sont pas invités pour ouvrir des discussions entre les Guinéens. Ça devient vraiment préoccupant. »
Face à ces incertitudes, il n’exclut pas un report de l’élection présidentielle si les conditions ne sont pas réunies : « Si la date est trop proche, pourquoi ne pas renvoyer la date en 2026 ? On ne peut pas dire qu’on va faire des forcings. Mais le minimum de transparence et de respect des principes démocratiques doit être mis. »
Enfin, le leader de l’ADC-Boc rappelle son engagement à participer au scrutin, tout en réaffirmant son indépendance politique : « Je suis un compétiteur. C’est pourquoi j’ai dit dès le premier jour : je ne rentre pas dans un mouvement de soutien parce que je suis un compétiteur. Le moment venu, si tous les paramètres sont réglés et que tout est dans les normes, le président viendra aux élections. »
Gnima Aïssata Kébé