En ce 2 octobre, la Guinée commémore le 67ᵉ anniversaire de son indépendance. Un moment de fierté, de mémoire et de reconnaissance envers ceux qui ont eu le courage, en 1958, de dire « non » à la domination et « oui » à la liberté. Mais au-delà des festivités et des discours, cette date doit aussi être une invitation à l’introspection : quelle Guinée avons-nous construite depuis lors, et quelle Guinée voulons-nous léguer aux générations futures ?
Une indépendance encore inachevée
Car soyons lucides : il n’y aura pas de stabilité durable tant que les droits de l’homme seront bafoués, où que ce soit dans notre pays. Il n’y aura pas d’unité tant que les acteurs politiques, au lieu d’élever le débat, continueront à dresser les Guinéens les uns contre les autres. Et il n’y aura pas de véritable indépendance tant que le peuple ne se libérera pas de la manipulation, des promesses creuses et des divisions entretenues.
Notre indépendance ne se réduit pas à un héritage : elle est une responsabilité. Elle appelle à la vigilance citoyenne et à la capacité de dire « non » à ce qui détruit le vivre-ensemble, et « oui » à ce qui construit la nation.
Balayer devant sa porte
L’indépendance, ce n’est pas seulement une victoire diplomatique du passé, c’est un combat quotidien dans le présent. Un combat pour la justice, l’égalité et la dignité. Un combat qui commence par des gestes simples : balayer devant sa porte avant de pointer celle du voisin, reconnaître ses propres torts avant de désigner l’autre comme le mal incarné.
Si chacun de nous prenait conscience que la survie de la Guinée dépend de ses choix individuels et collectifs, alors ce pays pourrait devenir un modèle d’espérance.
Dire non et dire oui
Dire non à l’injustice, à l’intolérance, à la violence, à l’ethnocentrisme et à la haine de l’autre.
Dire oui à la culture de l’excellence, à la citoyenneté, à la justice, à la probité morale, à la paix et à l’unité nationale.
Tel est le véritable sens du patriotisme : aimer son pays assez pour le rendre meilleur, et non pour l’utiliser comme un instrument de domination ou de privilège.
Une Guinée pour tous
À 67 ans, notre nation a l’âge de la maturité. Elle a souffert, trébuché, connu des crises, mais elle a toujours trouvé la force de se relever. L’avenir dépend désormais de notre capacité à dépasser nos clivages pour bâtir une Guinée pour tous, une Guinée où il fait bon vivre, où chaque citoyen a la même valeur et la même dignité.
En ce jour de fête nationale, célébrons avec reconnaissance, mais engageons-nous aussi avec lucidité. L’indépendance n’est pas seulement un héritage, c’est une mission. La dignité de la Guinée sera ce que nous en ferons, ensemble.
Abdourahamane NABE
Responsable RSE