Une vive inquiétude secoue le système éducatif guinéen après l’exclusion des élèves issus des écoles franco-arabes du concours d’entrée au Prytanée militaire, une école d’élite récemment relancée par les autorités de la transition. Face à ce qu’il qualifie d’injustice structurelle, le Syndicat National de l’Enseignement Franco-Arabe de Guinée (SNEFAG) a organisé une conférence de presse ce samedi 13 septembre 2025, à la maison de la presse, pour interpeller les plus hautes autorités, dont le Président de la République, le Général Mamadi Doumbouya.
Le secrétaire général du SNEFAG, Dr Ibrahima Mansardé, a dénoncé avec fermeté l’exclusion systématique des élèves du cursus franco-arabe du processus de sélection. Selon lui, malgré plusieurs correspondances adressées aux institutions compétentes ministère de la Défense, ministère de l’Éducation nationale, Premier ministère et Présidence – aucune mesure corrective n’a été prise pour permettre l’inclusion des élèves issus de ce système éducatif : « Ce ne sont pas moins de 26 000 candidats qui se sont vus privés de leurs droits, uniquement parce qu’ils ont choisi un cursus bilingue, français-arabe. Une richesse linguistique qui, dans d’autres contextes, serait un atout stratégique », a-t-il déclaré.
Le Prytanée militaire de Guinée, symbole d’excellence académique et de formation rigoureuse, recrute chaque année les meilleurs élèves des régions, préfectures et communes du pays. Mais selon les syndicalistes, les lauréats issus des établissements franco-arabes n’ont jamais été conviés à participer au concours depuis la création de cette institution.
Un paradoxe pour une école publique financée par le budget nationa : « Comment peut-on exclure une frange entière de la population scolaire d’un concours financé par les impôts de tous les Guinéens ? », s’interroge Dr Mansardé, qui voit dans cette pratique une marginalisation injustifiée d’une composante essentielle du système éducatif guinéen.
Selon les chiffres avancés par le SNEFAG, les écoles franco-arabes représentent aujourd’hui plus de 21 % du système éducatif national. Elles jouent un rôle déterminant dans la scolarisation, notamment dans les zones à forte tradition religieuse : « Ce système éducatif ne se résume pas à l’enseignement religieux. Il forme des citoyens bilingues, capables de dialoguer avec plus de vingt pays partenaires de la Guinée dans le monde arabe », souligne le secrétaire général, en rappelant les enjeux géopolitiques et culturels d’une telle formation.
En choisissant le thème « Prytanée militaire : une école plus équitable, juste et inclusive », le SNEFAG entend provoquer une réflexion nationale sur la place de l’enseignement franco-arabe dans les politiques publiques. Le syndicat appelle directement le Chef de l’État à intervenir pour corriger ce qu’il considère comme une anomalie contraire à la vision inclusive portée par la transition.
« Ceux qui organisent cette exclusion sabotent la vision du président. Ils sèment les graines d’un ressentiment dangereux en niant à des enfants le droit à l’égalité des chances », a conclu Dr Mansardé.
Gnima Aïssata Kébé