Le mouvement politique Agissons pour la Guinée (APG), dirigé par Ibrahima Kalil Diallo, a tenu une conférence de presse ce lundi à Conakry, pour alerter l’opinion publique sur des « entraves institutionnelles » à sa reconnaissance officielle et exprimer ses réserves face au projet de nouvelle Constitution soumis à référendum le 21 septembre prochain.
Dans son allocution, le président du mouvement, Ibrahima Kalil Diallo, a révélé que depuis janvier 2025, APG a introduit une demande d’autorisation légale pour exister comme formation politique. Une procédure encadrée par la loi, qui impose un délai de réponse de trois mois à l’administration. Pourtant, six mois plus tard, aucune réponse n’a été donnée, ce que le mouvement considère comme une tentative délibérée de l’écarter du débat public : « Ce silence administratif est une forme de censure politique. Nous ne demandons pas une faveur, mais l’exercice d’un droit fondamental », a martelé Kalil Diallo.
Face à cette situation , APG annonce vouloir saisir la justice guinéenne, affirmant que leur engagement politique vise à enrichir la vie démocratique, non à semer le trouble.
Conscient des risques qu’implique aujourd’hui la prise de parole politique en Guinée, le mouvement annonce suspendre provisoirement ses interventions publiques sur la gouvernance. Une décision qualifiée d’acte de protection, tant pour ses membres que pour leurs familles, sans pour autant être un renoncement à leur mission : « Nous restons engagés, mais nous choisissons d’être stratégiques. La prudence est parfois un devoir quand la parole devient un danger », a souligné le président du mouvement.
Concernant le référendum constitutionnel à venir, APG a annoncé une position de neutralité active, refusant de donner une consigne de vote. Une décision justifiée par un rejet des fondements du projet, qu’ils jugent plus porteurs de risques que d’avancées réelles : « Nous reconnaissons certains acquis, mais sur les points essentiels réformes institutionnelles, garanties démocratiques, justice le texte ne répond pas aux aspirations profondes des Guinéens », a t-il déclaré
Le mouvement a détaillé des points majeurs qui justifient leur refus de soutenir le texte soumis au référendum : << APG dénonce un retour en arrière avec le passage de 5 à 7 ans renouvelables une fois. Selon eux, cette mesure éloigne le peuple du contrôle démocratique de ses dirigeants et ouvre la voie à une concentration excessive du pouvoir.
Bien qu’une Haute Cour de Justice soit prévue, le texte garantit une immunité problématique aux anciens chefs d’État, affaiblissant la notion de reddition de comptes dans un véritable État de droit.
Le flou autour de la possibilité pour un président de posséder une double nationalité soulève, de graves préoccupations quant à la souveraineté nationale et à la loyauté exclusive du chef de l’État.
La création d’un Sénat est perçue comme un organe coûteux et antidémocratique, notamment en raison de la nomination présidentielle de certains sénateurs, ce qui affaiblirait l’indépendance du pouvoir législatif.
La fixation de l’âge minimal à 40 ans pour être candidat à la présidence constitue une mise à l’écart d’une jeunesse pourtant majoritaire dans le pays. Le mouvement y voit un déni de participation politique et de renouvellement générationnel.
Bien que le projet promette des droits ambitieux (santé, logement, emploi, stages, éducation gratuite…), APG souligne l’absence de réalisme et de moyens pour les garantir concrètement, estimant que ces promesses risquent de rester lettre morte. >>
Au-delà des critiques, APG appelle à une relecture du processus de transition constitutionnelle. Le mouvement plaide pour une refondation républicaine basée sur l’inclusion, le respect des droits et la participation citoyenne réelle : « Une Constitution n’est pas un simple document. C’est un contrat social. Et un contrat sans confiance est un contrat vide », a conclu M. Diallo.
Gnima Aïssata Kébé