Alors que la date du 15 septembre 2025 a été annoncée pour marquer la rentrée scolaire en République de Guinée, le Syndicat National de l’Éducation (SNE), par la voix de son secrétaire général Michel Pépé Balamou, réagit avec prudence et appelle les autorités à une approche concertée, rigoureuse et réaliste pour garantir une rentrée réussie et apaisée.
Le SNE reconnaît que la fixation de la date de rentrée scolaire relève des prérogatives du gouvernement, mais insiste sur l’importance d’une consultation large avec l’ensemble des parties prenantes du système éducatif : syndicats, associations de parents d’élèves, société civile et experts du secteur. « Cette concertation, bien qu’indicative, permet d’équilibrer les impératifs pédagogiques, organisationnels et sociaux », souligne le syndicat.
Deux grandes préoccupations structurent la réflexion du SNE :
D’une part, la nécessité de se conformer aux exigences internationales en matière de calendrier scolaire. Dans sa configuration actuelle avec des cours d’octobre à mai, et des examens en juin l’année scolaire guinéenne ne garantit que huit mois de cours effectifs. Une durée jugée insuffisante pour assurer des apprentissages de qualité. Le SNE recommande alors deux options : démarrer l’année en septembre pour la clore en juin, ou commencer en octobre et terminer en juillet.
D’autre part, le syndicat critique la longueur des vacances, estimant que les trois mois d’interruption nuisent gravement à la continuité des apprentissages, surtout dans un contexte d’enseignements fragilisés. À titre de comparaison, les élèves d’autres pays ouest-africains francophones bénéficient de deux mois de vacances seulement.
Malgré la volonté affichée du gouvernement d’avancer la rentrée pour des raisons pédagogiques et symboliques notamment en lien avec la célébration de l’indépendance le 2 octobre, le SNE juge la date du 15 septembre difficile à mettre en œuvre dans les conditions actuelles.
Le syndicat relève plusieurs obstacles majeurs :
L’absence de budget opérationnel alloué aux structures éducatives déconcentrées.
La crise économique, qui appauvrit les ménages et complique l’achat des fournitures scolaires.
Le contexte politique tendu en lien avec le référendum du 21 septembre, qui pourrait créer une atmosphère d’insécurité.
Des problèmes structurels non résolus : enseignants non payés depuis des mois, contractuels non régularisés, salaires bloqués, matériel pédagogique non acheminé.
Fidèle à sa mission de veille, d’alerte et de proposition, le SNE formule une série de recommandations destinées à assainir le climat éducatif et à permettre une rentrée sereine :
Assurer une communication pédagogique autour des enjeux du nouveau calendrier scolaire.
Libérer à temps les budgets nécessaires à la préparation effective de la rentrée.
Acheminer les fournitures et équipements scolaires dans toutes les préfectures du pays.
Régulariser la situation administrative et salariale des enseignants, notamment contractuels et retraités.
Réviser le décret n°D/2024/0269 afin de rétablir l’équité des primes entre les responsables éducatifs et leurs homologues d’autres départements ministériels.
Le SNE conclut en rappelant que la réussite de l’année scolaire 2025-2026 dépendra de l’engagement sincère et coordonné de tous les acteurs. « L’école guinéenne a besoin de réformes structurantes, mais surtout d’un environnement stable, juste et équitable pour offrir une éducation de qualité à tous les enfants du pays », affirme Michel Pépé Balamou.
Gnima Aissata Kébé