Le président de l’Union des Forces Démocratiques de Guinée (UFDG), Elhadj Mamadou Cellou Dalein Diallo, s’est exprimé ce lundi matin au micro de Radio France Internationale (RFI), dans un entretien particulièrement critique à l’égard de la junte au pouvoir. Il a rejeté catégoriquement le processus constitutionnel en cours, qu’il qualifie de « coup d’État contre le peuple de Guinée« .
Cellou Dalein Diallo dénonce l’absence totale de concertation entre les autorités de la transition et les forces politiques et sociales du pays : << L’UFDG ne se sent pas concernée par cette opération>> , a-t-il déclaré.
Pour lui, le régime militaire dirigé par le général Mamadi Doumbouya a toujours agi de manière unilatérale, refusant tout dialogue sincère sur les conditions du retour à l’ordre constitutionnel.
Selon l’ancien Premier ministre, la junte cherche à imposer une nouvelle Constitution taillée sur mesure, qui viole les engagements initiaux du CNRD, notamment la promesse solennelle de non-candidature du général Doumbouya et des membres du gouvernement de transition.
Dans son intervention, le président de l’UFDG s’est insurgé contre ce qu’il perçoit comme une stratégie délibérée de la junte pour s’éterniser au pouvoir. Il critique vivement les campagnes de mobilisation autour de la candidature de Mamadi Doumbouya, qualifiant les manifestations populaires organisées à cet effet de « mamaya », une expression locale synonyme de festivités folkloriques sans fond.
« On veut nous vendre un homme providentiel, alors que sa gouvernance a été catastrophique », a-t-il martelé. Il accuse le régime en place de graves violations des droits humains, évoquant les cas de disparitions forcées de plusieurs figures de la société civile, dont Foniké Menguè, Billo Bah, et Marouane Camara, dont le sort demeure inconnu à ce jour.
L’opposant conteste la légitimité du référendum à venir, affirmant que les conditions d’un scrutin libre, juste et transparent ne sont nullement réunies. Il pointe du doigt le ministère de l’Administration du territoire, dirigé par un militaire, et son appareil de préfets et sous-préfets en grande majorité issus des forces de défense et de sécurité : » Il y a un climat de peur, de corruption, de répression. Dans ces conditions, la volonté populaire ne peut pas s’exprimer« , a-t-il averti.
Il qualifie le processus d’une « mascarade électorale« , orchestrée pour offrir une légitimité constitutionnelle à une confiscation du pouvoir.
Toujours en exil, Cellou Dalein Diallo a également témoigné de son exclusion du processus électoral. Lorsqu’il a tenté de se faire recenser à Abidjan, les autorités locales lui auraient explicitement refusé l’accès aux bureaux d’enrôlement : « On a même fermé le bureau à mon arrivée », a-t-il confié, dénonçant une instruction directe émanant de Conakry.
Le chef de file de l’UFDG réfute les déclarations du Premier ministre Bah Oury, qui avait affirmé que son dossier d’enrôlement était incomplet : << C’est de la contre-vérité », a-t-il répondu, affirmant avoir déposé tous les documents requis.
Quant à son retour en Guinée, Cellou Dalein Diallo affirme que les conditions ne sont pas réunies. Il évoque un climat de harcèlement, d’hostilité et de poursuites judiciaires « fantaisistes » à son encontre. Toutefois, il assure que ce retour se fera dès que les circonstances le permettront : << Dans tous les cas, je serai là, auprès du peuple, pour mener le combat contre les dérives qui s’annoncent. »
Gnima Aïssata Kébé