Dans un communiqué rendu public à l’issue d’une plénière tenue ce dimanche 10 août, les Forces Vives de Guinée (FVG) tirent la sonnette d’alarme face à ce qu’elles qualifient de “dérive autoritaire” du général Mamadi Doumbouya, à la tête de la junte militaire depuis le coup d’État de septembre 2021.
Les FVG dénoncent avec fermeté l’organisation du référendum constitutionnel prévu le 21 septembre prochain, qu’elles estiment être un “habillage légal” destiné à permettre au chef de la junte de se maintenir indéfiniment au pouvoir, en violation flagrante de la Charte de la Transition et des engagements internationaux de la Guinée.
Selon le communiqué, l’objectif réel de ce référendum serait de faire adopter une nouvelle Constitution taillée sur mesure, qui autoriserait implicitement Mamadi Doumbouya à briguer la présidence au terme de la transition. Une manœuvre que les FVG qualifient de “parjure” et assimilent à une “haute trahison”.
Elles rappellent que la Charte de la Transition, notamment son article 46, interdit explicitement toute candidature des membres du Comité national du rassemblement pour le développement (CNRD) aux élections post-transition. De plus, cette interdiction est qualifiée de non modifiable.
Les Forces Vives s’appuient également sur l’article 25 de la Charte africaine de la démocratie, des élections et de la gouvernance ratifiée par la Guinée qui exclut toute participation des auteurs de changement anticonstitutionnel de gouvernement aux processus électoraux de retour à l’ordre démocratique.
Le communiqué dresse un sombre tableau de la situation des droits humains dans le pays sous le régime militaire. Les FVG accusent les autorités de graves exactions : Plus de 60 jeunes manifestants tués par les forces de défense et de sécurité, disparitions forcées de figures de la société civile et d’acteurs politiques tels que Foniké Mengué, Billo Bah, Saadou Nimaga, ou encore le journaliste Marouane Camara, morts suspectes en détention, dont celles du Dr Mohamed Dioubaté, du général Sadiba Koulibaly et du colonel Pépé Célestin Bilivogui, kidnappings et actes de torture contre des leaders d’opinion, notamment Abdoul Sacko et Me Mohamed Traoré, condamnation jugées arbitraires à l’encontre de responsables politiques comme Aliou Bah, musellement de la presse, avec la fermeture de médias indépendants et des restrictions de l’accès à Internet.
Face à ce qu’elles perçoivent comme une tentative de confiscation du pouvoir, les Forces Vives de Guinée refusent de participer à toute initiative visant à légitimer le référendum ou à cautionner l’agenda de la junte. Elles en appellent à la mobilisation du peuple guinéen, des forces démocratiques et des partenaires internationaux pour empêcher ce qu’elles qualifient de “trahison des aspirations légitimes du peuple à la démocratie”.
En guise de riposte, les FVG annoncent le lancement, à compter du 5 septembre 2025, d’un vaste mouvement de manifestations pacifiques sur toute l’étendue du territoire national et dans la diaspora, pour “reprendre en main le destin de la nation”.
Gnima Aissata Kébé