Les 18 et 19 juillet, le ministère de l’Administration du territoire et de la Décentralisation (MATD), par le biais de la coordination nationale du Programme national de recensement administratif à vocation d’état civil (PN-RAVEC) et de la Direction nationale des Affaires politiques et de l’administration électorale, a procédé à la présentation des statistiques provisoires du recensement national biométrique.
La restitution, organisée en deux séquences, s’est tenue successivement devant les membres du gouvernement et du CNRD, puis devant les acteurs politiques et sociaux. Elle marque une étape clé dans la construction du Registre national des personnes physiques (RNPP) et du fichier électoral biométrique, piliers d’un processus électoral moderne et crédible.
Près de 9 millions de personnes recensées
Le PN-RAVEC a permis d’enregistrer 8 979 923 personnes sur le territoire national et dans la diaspora. Ce chiffre constitue un jalon important dans la mise à jour de l’état civil, en vue de doter le pays d’un outil fiable et durable.
Le ministère précise que 98,45 % des personnes recensées se trouvent en Guinée, tandis que 1,55 % concernent la diaspora, soit 139 082 Guinéens vivant à l’étranger.
Sur l’ensemble des personnes recensées, la répartition par genre fait ressortir une légère majorité féminine : 52,6 % de femmes contre 47,4 % d’hommes. Pour la diaspora, la tendance s’inverse, avec 64,3 % d’hommes et 35,7 % de femmes.
Statistiques régionales
Les chiffres par région administrative et pour l’extérieur du pays se présentent ainsi :
- Kankan : 2 089 320
- Conakry : 1 992 986
- Kindia : 1 160 579
- Nzérékoré : 1 094 707
- Boké : 774 090
- Faranah : 681 972
- Labé : 610 636
- Mamou : 436 554
- Extérieur (diaspora) : 139 082
Ces données illustrent la forte mobilisation des citoyens dans l’ensemble du pays, ainsi que la participation de la diaspora à ce processus structurant.
Un fichier électoral provisoire de 6 748 923 électeurs
Sur la base du RNPP, le fichier électoral biométrique provisoire recense 6 748 923 électeurs, dont 51,8 % de femmes et 48,2 % d’hommes.
La répartition par âge souligne une forte participation des jeunes et des adultes :
- 18-25 ans : 31,7 %
- 26-35 ans : 28,2 %
- 36-60 ans : 33,3 %
La diaspora compte 124 031 électeurs, représentant 1,8 % du total.
Mme Camara Djenabou Touré, Directrice nationale des Affaires politiques et de l’administration électorale, a rappelé la portée de ce travail : « C’est une étape légale et réglementaire, conformément aux lois sur l’identification des personnes physiques et sur l’état civil en Guinée. Nous disposons désormais d’un fichier électoral permanent, alimenté par le Registre national des personnes physiques, ce qui met fin aux recensements massifs et répétitifs. »
Un dispositif électoral renforcé
Pour garantir une couverture optimale du territoire et l’accessibilité des citoyens aux urnes, le pays dispose désormais de 26 757 Centres de Vote (CV). Ces centres sont répartis sur l’ensemble des communes, préfectures et régions, ainsi que dans les représentations de la diaspora.
Djenabou Touré a précisé : « La région de Kankan dispose du plus grand nombre de Centres de Vote (5 273), suivie de Nzérékoré (4 447) et de Kindia (3 747), ce qui témoigne des efforts d’accessibilité dans les zones à forte densité électorale, en tenant compte de la nature de l’habitat et des obstacles naturels. »
Qualité et fiabilité des données
Le processus de collecte des données a intégré des mécanismes de contrôle rigoureux pour garantir la fiabilité du fichier électoral. « Le système a détecté 119 550 doublons présumés, dont 111 379 ont été confirmés. En outre, 21 610 cas de données incomplètes ont été relevés, nécessitant une attention particulière afin de garantir la fiabilité de la base électorale », a expliqué Djenabou Touré.
Djenabou Touré, Directrice nationale des Affaires politiques et de l’administration électorale
Ces opérations de vérification se poursuivront afin de valider les chiffres finaux et d’assurer l’exhaustivité des listes. Une phase de contentieux est prévue pour permettre aux citoyens de signaler toute omission ou erreur.
Une vision durable : un fichier électoral permanent
Les autorités entendent rompre avec les cycles coûteux et répétitifs des recensements électoraux. Mme Camara a insisté sur la modernisation engagée :
« Nous avons corrigé les erreurs du passé. C’est une rectification institutionnelle que la Guinée est en train d’opérer dans la conduite du processus électoral. C’est un registre qui va s’alimenter à travers le Registre national des personnes physiques et de l’état civil annuellement. Donc on n’aura plus besoin de faire des acquisitions de kits ou des recensements électoraux de masse. C’est une grande avancée pour notre pays. »
Cette réforme s’inscrit dans les objectifs de développement durable des Nations unies et l’Agenda 2030 de l’Union africaine, qui préconisent la fiabilisation et l’universalisation des systèmes d’identification des citoyens.
Une étape vers des élections inclusives et crédibles
La présentation de ces chiffres marque la phase institutionnelle de partage des données. « Après une opération de grande ampleur comme le recensement national biométrique, il faut restituer les résultats aux autorités administratives et à tous les acteurs sociaux et politiques de notre pays», a indiqué la Directrice nationale des Affaires politiques et de l’administration électorale.
Avec 8 979 923 personnes enregistrées et 6 748 923 électeurs identifiés, la Guinée dispose désormais des bases nécessaires pour organiser des élections crédibles, inclusives et conformes aux standards internationaux.
Prochaines étapes
Le ministère rappelle que les chiffres publiés sont provisoires. Les phases de vérification, de traitement (qui ont débuté déjà) et de validation finale permettront de disposer d’un fichier électoral définitif, garantissant l’exactitude et l’exhaustivité des données.