Le Premier ministre sénégalais Ousmane Sonko a tenu une conférence de presse ce lundi au Palais de la Colombe, à Conakry, en compagnie de son homologue guinéen Amadou Oury Bah. Ce, après son entretien avec le président de la transition, le général Mamadi Doumbouya. Face aux journalistes nationaux et internationaux, il a abordé plusieurs sujets allant de la question migratoire à la montée des discours haineux, en passant par les rapports entre la Guinée et le Sénégal.
Prenant la parole dans un ton posé mais ferme, Ousmane Sonko a tenu à rappeler les valeurs d’ouverture et d’hospitalité qui, selon lui, caractérisent aussi bien le Sénégal que la Guinée : « Le Sénégal, comme la Guinée, sont des terres d’accueil. Chaque pays a le droit de réglementer ses frontières pour des raisons de sécurité, mais cela ne doit pas remettre en cause notre tradition d’ouverture. »
Le Premier ministre a ensuite dénoncé les idéologies xénophobes qui se répandent à travers les réseaux sociaux, appelant à la vigilance collective : « Nous ne pouvons pas tolérer les discours de haine et d’intolérance. Les véritables problèmes de nos pays ne viennent pas de la présence de l’autre, mais de la mauvaise gouvernance passée, de la gestion hasardeuse de nos ressources, et de l’absence d’une vision de développement partagée. »
Dans ce contexte, il a lancé un appel à la jeunesse ouest-africaine, appelant à dépasser les clivages nationalistes et identitaires : « Nous sommes des peuples frères. La compétition ne doit pas devenir de la haine. Ce que nous voyons parfois lors d’événements sportifs entre nos jeunesses est inquiétant. Il faut revenir à nos valeurs fondamentales. »
Interrogé sur les interpellations récentes de la société civile guinéenne concernant la situation de Guinéens au Sénégal, Ousmane Sonko a répondu avec diplomatie : « Je suis ici par respect pour la Guinée et son peuple. Il y a des sujets délicats qui, s’ils doivent être abordés, le seront dans un cadre privé et fraternel entre États. Je ne m’exprimerai pas sur certaines questions dans une conférence de presse, par souci de respect institutionnel. »
Il a toutefois assuré que les Guinéens vivant au Sénégal y étaient « chez eux » et qu’aucune politique discriminatoire ne leur serait appliquée.
En concluant son propos, le Premier ministre a exprimé son souhait pour une paix durable et une coopération renforcée entre les pays de la région : « La stabilité d’un pays influe sur la stabilité des autres. Nos peuples attendent de nous le développement, la justice sociale, et la paix. C’est ensemble que nous devons construire cet avenir. »
Cette conférence de presse marque une étape importante dans le renforcement des relations sénégalo-guinéennes, dans un contexte régional marqué par des tensions, mais aussi par des espoirs de renouvellement politique et social.
Gnima Aïssata Kébé