Poursuivi pour détournement de deniers publics, enrichissement illicite, et blanchiment de capitaux par l’Etat guinéen, Dr Mohamed Diané, ancien ministre de la Défense nationale était de nouveau à la barre ce jeudi 8 mai 2025, devant la chambre des appels de la Cour des Répression des Infractions Économiques et Financières (CRIEF). Dans la phase de questions réponses, l’accusé a d’abord répondu à la question de ses avocats, qui lui a interrogé sur son parcours scolaire, universitaire, ainsi que professionnel.
En répondant à maître Almamy Samory Traoré, le ministre Diané identifie ces bien acquis, depuis 1986 : « Ma ferme agricole qui se trouve dans mon village, je l’est acquis depuis 2007. Environ 34 hectares, je n’étais pas ministre, j’étais enseignant à l’époque. Je n’ai même pas acheté ces terres, on me les a cédé depuis 1986. J’ai commencé à déclarer mes bien depuis 2011, avant qu’on ne me demande de le faire même, avant que je ne sois en fonction. De 2011 jusqu’en 2016 je n’étais pas gestionnaire d’un budget de l’Etat, même si j’étais déjà en fonction » a expliqué Dr Mohamed Diané.
Ensuite le procureur spécial, prend la parole pour poser des questions à l’accusé : « Vous avez dit que vous êtes rentrés en Guinée avec 50 mille dollars , dont 30 mille dollars en espèces. Comment pouvez-vous prouver cette somme à la cour ? Quel est le document qui justifie ce montant ? » a demandé Aly Touré
Dr Mohamed Diané: « J’ai des numéros de compte dans les documents, la trace se trouve dans les documents, ».
Aly Touré : « On ne trouve pas cette preuve dans les dossiers… C’est quand vous êtes venu en fonction, que vous avez mis en place votre ferme agricole à partir de 2012, vous étiez déjà agent public ? ».
Dr Diané : « Oui, mais je n’étais pas gestionnaire d’un budget public ».
Aly Touré : « Là n’est pas la question. Vous étiez quand-même en fonction. Quelle est la rentabilité de la production de votre ferme même si vous avez laissé la gestion à vos enfants ? »
Dr Diané : « Par mois on peut rentabiliser environ 210 millions de francs guinéens, avec plus de 12 milles pondeuses ».
Prenant la parole, maitre Amadou Baben Camara avocat de la partie civile revient sur la rentabilité de la ferme agricole de l’homme : « Est-ce que vous avez les documents comptables pour justifier la rentabilité de la ferme ? ».
Dr Diané : « Oui, vous pouvez envoyer quelqu’un là-bas , pour vérifier ».
Me.Baben : « Comment vous avez fait pour être riche ? ».
Dr Diané : « Moi je suis un maninka Mory, je me suis toujours battu, parallèlement à mes fonctions . Chose qui est héréditaire pour moi ».
Me. Baben : « Vous rassurez que vous n’ayez aucun bien à Conakry ? »
Dr Diané : « Moi je n’ai réalisé qu’à Kankan chez moi, c’est là-bas que j’ai préparé ma retraite, pas à Conakry »
Dr Baben : « Vous nous autorisé à saisir votre immeuble à Lanséboungni ? »
Dr Diané : « Oui , si vous avez la preuve que ça m’appartient. »
Poursuivant, les avocats de la partie civile qui représentent l’Etat dans cette affaire sollicitent la comparution des enfants de l’accusé, ainsi que sa femme devant la cour : « Nous demandons la comparution des enfants de Dr Diané, ainsi que son épouse, à qui il a donné la paternité de certaines de ces biens; pour enfin éclaircir l’origine de tout ces biens », demande maître Amadou Baben Camara
Une demande approuvée par le ministère public : « Nous n’avons aucune objection à la demande des avocat de la partie civile, qui est la comparution des enfants et de la femmes de Dr Mohamed Diané, » a approuvé Aly Touré
Côté défense, cette demande de la partie civile n’est pas la bienvenue, d’où une opposition catégorique : « La présence de ces gens n’a aucun sens ici. En quelle qualité, de quoi il vont comparaître ici ? Monsieur le président je vous rappelle que la responsabilité judiciaire est personnelle, » dira Me. Almamy Samory Traoré
Quand à Me. Sidiki Bérété, lui rappelle : « Nul n’est pénalement responsable , que de son propre fait. Ça serait grave de faire venir la famille de Dr Diané ici. La demande mérite être rejeté en bloc. C’est une demande d’acharnement, ces gens sont des missionnaires, » pense t-il
En réplique, Me. Pépé Antoine Lamah de la partie civile affirme : « Si le blanchiment d’argent passe par les proches d’un prévenu, pourquoi ne pas les faire intervenir monsieur le président ? Ce n’est écrit nul part qu’on ne peut pas le faire Il n’y a aucune méchanceté ni d’humiliation dans leur comparution, ».
L’audience a été suspendue, pour être reprise dans un instant.
Gnima Aïssata Kébé