Le système de santé guinéen traverse une crise profonde depuis plusieurs années. Une alerte a été lancée ce jeudi 17 avril 2025 par la Coalition Nationale des Professionnels de Santé (CONAPROS), lors d’une conférence de presse à Conakry. Cette sortie intervient après une étude menée sur la perception des professionnels de santé quant à la gouvernance actuelle du secteur.
Les membres de cette organisation de la société civile interpellent directement le président de la République, l’invitant à prendre des mesures urgentes pour redresser la situation. « Depuis le 5 septembre jusqu’à date, nous n’avons pas d’abord commencé la refondation au sein du système de la santé. Pour qu’on commence la refondation de notre système, il faut que les acteurs que nous sommes tenons notre responsabilité. Le système de santé est composé des acteurs clés. Mais nous nous rendons compte qu’au sein de la gouvernance sanitaire, avec les interpellations que nous avons, tout au long des journées, que le ministère de la Santé ne fonctionne pas correctement. La vie de nos concitoyens en dépend. Si le cadre du personnel de santé n’est plus en harmonie avec la gouvernance, cela veut dire qu’on n’est pas en train de travailler correctement au sein de notre système de santé. Cette perception globale qui contient aussi des chiffres est tellement alarmante, qu’il est de notre devoir de démontrer ça par A + B, et d’informer le président de la République sur le cas de notre système de santé. Les maux dont souffre notre système de santé sont très clairs après cette évaluation », a affirmé Moussa CISSÉ, membre de la CONAPROS.
Parmi les données les plus préoccupantes révélées par cette étude, figure un chiffre clé : 77 % des hôpitaux guinéens seraient dirigés par des responsables non titulaires. « C’est-à-dire, ils ne sont pas officiellement nommés dans leur fonction. Ils sont intérimaires. Et on connaît quelles sont les conséquences, quand quelqu’un est intérimaire. Il y a des maux qui viennent derrière ça. Quand il y a cette question dans la tête d’un cadre, il ne faut pas compter qu’il te donne un bon résultat. Donc, 77 % des 33 hôpitaux préfectoraux sont gouvernés par des intérimaires. C’est le problème que nous mettons devant le public, pour que le président de la République sache que quand c’est comme ça, notre système de santé ne pourra jamais décoller. Vous avez près de 91 % de personnes avec lesquelles on a échangé, qui disent qu’ils ne se reconnaissent plus dans ce qui se passe dans la gouvernance sanitaire ; et quand c’est comme ça, ça nous donne chaud au cœur. La seule chose qui nous traverse, est qu’il faut informer le président de la République pour le monter davantage. Le travail acharné de ces cadres n’est pas pris en compte. C’est un trafic qu’on dénonce ce matin. Cette cacophonie doit cesser », a ajouté Moussa CISSÉ.
Avec cette sortie médiatique, la CONAPROS espère provoquer une prise de conscience à tous les niveaux de l’État, pour impulser une vraie refondation du système de santé guinéen, au service de la population.
Gnima Aïssata Kébé