L’histoire retiendra peut-être le nom d’Aboubacar Dinah Sampil, non comme celui du rénovateur attendu du football guinéen, mais comme l’homme qui a cristallisé les dérives d’un système à bout de souffle. À la tête de la Fédération guinéenne de football, il a incarné non pas l’élan du renouveau, mais la persistance du statu quo, l’improvisation chronique et, plus grave encore, la déliquescence d’une institution déjà minée par de profondes fragilités.
Les espoirs suscités par son accession à la présidence se sont rapidement évaporés,noyés dans le tumulte d’une gestion approximative, dépourvue de toute ambition réformatrice. Aucun souffle neuf,aucune mesure structurante, pas même l’ébauche d’un projet cohérent n’est venu jalonner son passage. À l’inverse, c’est un immobilisme inquiétant qui s’est installé, nourri par un manque flagrant de vision à long terme, des pratiques opaques d’attribution de marchés de gré à gré, un favoritisme assumé, et une confusion déconcertante entre les intérêts personnels et ceux de l’institution.
Le sort des sélections nationales, toutes catégories confondues, en témoigne douloureusement : éliminations précoces, contre-performances répétées, désillusions en chaîne. Ces échecs répétés ne sont pas le fruit du hasard. Ils sont les symptômes d’une gouvernance déficiente, d’une fédération dirigée au gré des humeurs, sans cap, sans méthode, et sans ambition collective. Aboubacar Dinah Sampil, surnommé avec une ironie mordante « Bouba sans piles », a été ce faux lion dont la rugosité apparente n’a su masquer ni la fragilité de son autorité, ni la vacuité de sa vision.
La mauvaise gouvernance n’a pas été une dérive ponctuelle de son mandat ; elle en a constitué la ligne directrice.Techniciens abandonnés à eux-mêmes, frustrations tues, alertes ignorées, appels désespérés des amoureux du sport roi privés d’un projet fédérateur.Tout cela a mené à une rupture inévitable.Le Comité exécutif, en application des statuts, a dû prendre ses responsabilités en actant une révocation provisoire.Un geste fort, révélateur du profond désarroi institutionnel.
Mais plutôt que d’accueillir cette décision avec hauteur, lucidité ou sens de l’intérêt général, l’ancien président semble s’enliser dans une stratégie de confrontation.Entre manœuvres de coulisses et tentatives de déstabilisation, il attise une crise inédite, au mépris de la fragile stabilité de la Fédération.L’orgueil blessé a pris le pas sur la dignité. Le football guinéen,quant à lui,continue d’en payer le prix.
Il est temps de rompre avec ces logiques d’appropriation personnelle de l’institution. Le football national mérite mieux que les ambitions contrariées d’un homme. Il a besoin d’une gouvernance nouvelle, éthique, compétente, tournée vers l’avenir. La page Sampil doit se tourner, définitivement et fermement mais sans fracas, pour laisser place à une reconstruction ambitieuse, portée par une vision claire et un leadership rassembleur.
Lancinè Marcus DIOUBATE