Être président en Guinée est une responsabilité immense, mais également un métier dangereux. À la croisée des attentes populaires, des ambitions personnelles et des luttes de pouvoir, la fonction suprême expose son titulaire à des forces qui le portent aussi bien qu’elles le précipitent dans l’abîme.
La flatterie comme poison
Dans ce pays, les opportunistes abondent. Ils entourent le président, lui prodiguant une flatterie excessive, le convainquant qu’il est indispensable, l’homme providentiel sans lequel rien ne peut fonctionner. Ces louanges incessantes, qui frisent souvent la divination, érigent une bulle où le président perd le contact avec la réalité et les besoins réels du peuple. Mais cette loyauté affichée n’est qu’un mirage.
La trahison en embuscade
Quand les vents tournent, ces mêmes courtisans, qui hier le portaient aux nues, sont les premiers à le lâcher. En cas de crise ou de vacillement du pouvoir, leur instinct de survie les pousse à s’éloigner, à préserver leur image et leur position. Certains vont jusqu’à rejoindre les critiques les plus acerbes, voire à participer au lynchage public de celui qu’ils encensaient la veille.
Un soutien destructeur
Plus inquiétant encore, il existe des soutiens au président qui, en réalité, travaillent à rendre son règne détestable. Ils tirent profit de leur proximité avec le pouvoir, en exploitant ses failles pour leur bénéfice personnel. Ces individus créent un fossé entre le président et la population, alimentant rancœurs et frustrations. Leur but ? Maintenir leur influence en minorité, tout en préparant leur bascule vers le prochain pouvoir dès que l’occasion se présente.
Une fonction à réinventer
La présidence en Guinée ne devrait pas être un champ de bataille pour opportunistes, mais un espace d’action pour des leaders engagés, entourés de conseillers intègres et compétents. Cela nécessite de construire une culture politique différente, où la loyauté repose sur des principes et non sur des intérêts personnels. Pour cela, il faut favoriser la transparence, promouvoir une gouvernance inclusive, et surtout rétablir la confiance entre le pouvoir et le peuple.
Être président en Guinée est un métier dangereux, mais ce danger ne réside pas uniquement dans les défis inhérents à la fonction. Il vient aussi de l’entourage du chef de l’État, de cette « foire d’opportunistes » qui exploitent la fonction au lieu de la servir. Tant que la flatterie, la trahison et les calculs personnels domineront, la présidence continuera d’être un piège pour ceux qui aspirent sincèrement à servir la nation.
NABE Abdourahamane
Responsable Mécénat : Santé et Solidarité à la Fondation.
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