En Guinée comme ailleurs, l’appel au « vivre ensemble » est souvent évoqué, en réponse aux tensions et aux divisions qui marquent les relations entre communautés. C’est un idéal noble qui invite à dépasser les frontières ethniques, religieuses, et sociales pour construire une société unie et résolument tournée vers le progrès. Cependant, cet idéal ne peut se réaliser pleinement si nous n’œuvrons pas simultanément à éradiquer le communautarisme, cette gangrène qui sape notre cohésion nationale et menace le socle même de notre citoyenneté.
Le communautarisme : une barrière au développement.
Le communautarisme, cette tendance à se replier sur sa communauté au détriment du collectif, instaure des barrières qui limitent notre potentiel commun. Il fausse les rapports de confiance, altère les décisions politiques et économiques, et bride les ambitions de développement de notre pays. Lorsque chacun privilégie l’intérêt de son groupe avant celui de la nation, il est impossible d’avancer ensemble, et la citoyenneté perd de sa valeur.
Les situations de favoritisme et de clientélisme qui en découlent ne servent ni le bien commun ni l’égalité des chances. Elles poussent les individus à se diviser, à s’affronter et, finalement, à se percevoir comme des adversaires plutôt que des concitoyens partageant un destin commun. Le communautarisme enferme, segmente et bloque toute initiative visant à promouvoir le progrès pour tous.
Renforcer la citoyenneté : un devoir national.
Face à ce défi, il est essentiel de recentrer notre conception de la citoyenneté. Être citoyen, c’est avant tout appartenir à une entité plus vaste que sa communauté. C’est s’engager pour le bien-être de tous, contribuer à la sécurité, à la paix et au développement du pays, sans distinction d’origines ou de croyances. C’est mettre en avant l’idée que nous partageons des valeurs communes et que notre avenir dépend de la réussite collective.
Le devoir de citoyenneté exige ainsi que chacun prenne conscience de l’importance du bien commun et participe activement à la construction d’une Guinée où chaque voix compte, indépendamment de la communauté à laquelle elle appartient. Cela commence par l’éducation, en inculquant dès le plus jeune âge des valeurs de respect, de tolérance, et de solidarité. Il est crucial de démontrer, par l’exemple, que la diversité est une richesse, et non un prétexte à la division.
Rejetons le communautarisme et valorisons la diversité.
La lutte contre le communautarisme ne signifie pas nier les différences culturelles ou religieuses. Bien au contraire, elle appelle à valoriser ces diversités dans un cadre qui préserve l’égalité et la fraternité entre tous les citoyens. Chaque communauté doit être fière de son identité, mais cette identité ne doit jamais primer sur l’appartenance nationale.
Pour un mieux « vivre ensemble », nous devons travailler à dépasser nos appartenances communautaires pour nous unir autour d’une seule et même identité : celle de citoyens guinéens, engagés pour un avenir meilleur pour tous. Il est de notre responsabilité collective d’édifier une Guinée où la citoyenneté prévaut sur le communautarisme, où le respect mutuel et la compréhension deviennent des priorités nationales.
Un appel à l’action.
Dans cette perspective, l’appel à un « vivre ensemble » harmonieux ne doit pas rester une simple formule. Il doit être l’objet d’une mobilisation générale, portée par les autorités, les organisations de la société civile, les leaders religieux et communautaires, et chaque citoyen. Car c’est ensemble, en rejetant le communautarisme et en renforçant notre citoyenneté, que nous pourrons véritablement bâtir une Guinée unie et forte, capable d’affronter les défis de l’avenir avec confiance et solidarité.
L’avenir de notre nation dépend de notre capacité à faire de la diversité un atout et de la citoyenneté une fierté.
Abdourahamane NABE
Responsable mécénat : santé et solidarité
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