En Guinée, la scène politique est devenue le théâtre d’une pièce tragique, où se jouent, à chaque acte, les mêmes intrigues de manipulation, de mensonge et de trahison. Ce scénario répétitif, où l’on critique pour séduire le peuple, où l’on se sert de cette sympathie pour gagner du poids politique, et où l’on finit par trahir les espoirs placés en soi une fois arrivé au sommet de l’État, est devenu la triste réalité d’un pays pris dans un cercle vicieux. Un cercle où les acteurs politiques, loin de servir les intérêts de la nation, se servent plutôt de l’illusion du changement pour renforcer leur propre pouvoir.
L’Art de la Critique : Un Masque Trompeur
En Guinée, la critique est souvent l’arme favorite des politiciens. Il s’agit d’un outil de séduction, d’un masque derrière lequel se cache une ambition purement égoïste. On se pose en défenseur du peuple, on dénonce avec vigueur les dérives du pouvoir en place, en faisant miroiter une alternative meilleure. Cependant, cette critique n’est souvent qu’un prétexte pour attirer l’attention, pour se créer une image de sauveur. Elle devient un simple moyen d’accumuler du capital politique, de se forger une base électorale sur la base de promesses vides de sens.
L’Accession au Pouvoir : Le Moment de la Trahison
Une fois le pouvoir acquis, la véritable nature des dirigeants émerge. Ceux qui se faisaient les chantres de la justice et de l’équité deviennent souvent pire que ceux qu’ils ont remplacés. La critique autrefois acérée devient un écho lointain, remplacée par le silence complice face aux abus et aux dérives. Le pouvoir devient alors un outil d’enrichissement personnel, de renforcement des intérêts partisans, et de marginalisation de l’opposition. Les espoirs du peuple, pourtant éveillés par des promesses de changement, sont alors trahis, plongeant la nation dans un cycle de désillusion et de résignation.
La Politique de la Division : Le Poison du Régionalisme et de l’Ethnicisme
À cette trahison s’ajoute un autre fléau qui gangrène la politique guinéenne : le régionalisme et l’ethnicisme. Dans un pays où les identités régionales et ethniques sont profondément enracinées, les politiciens n’hésitent pas à exploiter ces divisions pour asseoir leur pouvoir. Le choix électoral n’est plus une question de programme ou de vision pour le pays, mais devient une question de préférence pour celui qui est perçu comme « moins pire ». Ce n’est pas entre le bien et le mal que les Guinéens sont appelés à trancher, mais entre le « préférable » et le « détestable ». Cette instrumentalisation des clivages ethniques ne fait que renforcer les tensions sociales, affaiblissant davantage la cohésion nationale.
La Nécessité d’un Réveil Conscient
Face à ce constat, il est crucial que le peuple guinéen prenne conscience de cette manipulation systématique. Le temps est venu pour les citoyens de refuser de se laisser entraîner dans ce jeu cynique, de rejeter la politique de division et de mensonge. La Guinée ne peut se permettre de continuer sur cette voie autodestructrice. Il est impératif de privilégier l’unité nationale, de rechercher des leaders intègres, capables de porter une véritable vision de développement pour le pays.
En somme, il appartient à chaque Guinéen de ne plus se contenter de ce choix entre le « préférable » et le « détestable », mais de revendiquer haut et fort un véritable changement. Un changement qui ne sera possible que si les citoyens se réapproprient la politique, en imposant des standards d’intégrité, de transparence, et de justice. Ce n’est qu’à ce prix que la Guinée pourra sortir du cercle vicieux de l’hypocrisie politique et s’engager enfin sur la voie de la prospérité et de la paix durable.
Abdourahamane NABE,
Responsable Mécénat Santé et Solidarité
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