Il y a des années en arrière, le scénario en cours n’était pas imaginable. Il n’était même pas improbable. Le débat n’aurait aucun sens en ce moment.
Mais aujourd’hui, de toute évidence, ça relève désormais d’une éventualité assez certaine. Le destin du Sénégal pourrait s’attacher à un jeune. La quarantaine à peine révolue. Moins mature, car n’ayant aucune expérience de la gestion de l’Etat.
Le jeune Bassirou Diomaye Faye, âgé à peine de 43 ans, ancien inspecteur des finances, diplômé de l’université Cheick Anta Diop, selon les médias sénégalais, est en passe de gagner les élections dès le premier tour de la présidentielle qui a lieu hier dimanche 25 mars.
Cette posture de vainqueur qu’endosse grandement le candidat de l’ex Pastef, découle d’une gestion du pouvoir assez décriée du Président Macky Sall. D’un acharnement inouï de l’exécutif d’alors contre le leader incontestable de ce parti, en l’occurrence Ousmane Sonko, qui, dans la posture de victime, aidé par des discours à relent assez populistes, a incarné aux yeux des sénégalais le changement et la prospérité.
L’ancien Président l’aura sur sa conscience, malgré son bilan économique au-delà de l’espérance. Malgré aussi la voix de la contrition qu’il a empruntée depuis que le conseil constitutionnel lui a administré une gifle en lui opposant un niet catégorique à sa volonté de s’autoriser une prorogation de son bail à la tête du pays.
Depuis, Macky s’est ressaisi. Lui, qui durant des années n’en faisait qu’à son bon vouloir au gré de son ambition de s’accrocher aussi longtemps que possible au pouvoir, comme c’est le cas si banalement dans les démocraties fragiles.
Dans la foulée, il a fait libérer des opposants qu’il a injustement mis au gnouf du fait de leurs opinions contraires.
Tout cela n’effacera jamais, devant l’histoire, le péché capital du partant Macky, quand, au lendemain de ce processus, le Sénégal n’aura pas le dirigeant à la hauteur de son statut.
Pour rappel, si besoin en était, le Sénégal compte dans la sous-région. Il compte aussi sur le continent et dans le monde. Sa voix est attendue et entendue. Celle-ci risque de ne plus être portée partout dans le monde. C’est toute la grande inquiétude. Mais le peuple sénégalais est souverain.
Dans tous les cas, le scrutin a démontré que le peuple n’en veut plus de cette ancienne classe politique au discours monotone. C’est le renouvellement générationnel qui s’annonce dans une sous-région où ce sont d’anciens haut commis qui viennent meubler l’arène politique et qui donnent l’impression d’y aller dans le but d’échapper à la reddition des comptes.
La seule certitude dans ce pays, présenté comme un modèle de démocratie et de sérénité dans une Afrique tumultueuse, c’est que les élections se sont bien déroulées. Et elles ont été organisées sans le Président sortant et avant la fin du mandat de celui-ci. Tout le reste, c’est un saut dans l’inconnu. Une grosse incertitude.
Cependant, on peut bien espérer. Car au Sénégal, comme le dit l’autre, on sait dire stop quand ça déborde.
Mognouma