Le 19 février dernier, le président de la transition guinéenne, le général Mamadi Doumbouya, a pris la décision de dissoudre le gouvernement, ouvrant ainsi une nouvelle phase de défis complexes pour le pays. Au cœur de ces défis se trouve le défi du temps, avec seulement 10 mois restants dans le calendrier de transition convenu avec la CEDEAO. Cependant, la réalité actuelle de la morosité économique, des délestages persistants, de la crise de confiance avec les acteurs politiques majeurs, et d’autres contingences rendent la question de la faisabilité de ce délai pressante.
La situation économique sans précédent, marquée par une inflation galopante et des prix des denrées de première nécessité atteignant des sommets, accentue la paupérisation des couches les plus vulnérables. L’insécurité croissante, alimentée par le banditisme, ajoute une couche supplémentaire de complexité à la gestion de la transition.
Un défi majeur réside dans le dialogue politique sincère, indispensable pour apaiser les tensions avec les leaders politiques en exil et les syndicats menaçant de grève générale. La société civile, préoccupée par l’avenir du pays, exprime des inquiétudes croissantes face à une éventuelle crise majeure.
La fourniture d’électricité, vitale pour l’économie et les citoyens, est entravée par des délestages persistants, affectant non seulement les entreprises mais aussi les réseaux de télécommunications, dégradant la qualité des services.
La restriction prolongée d’accès à Internet, le brouillage des ondes des radios populaires, et la censure des médias privés contribuent à une crise des libertés individuelles et publiques, avec des conséquences néfastes sur les entreprises, les startups et l’image internationale du pays.
Un autre défi crucial concerne le choix des collaborateurs, avec des allégations de népotisme et de laxisme dans les nominations aux postes stratégiques. La dissolution du gouvernement est perçue comme une nécessité pour changer de paradigme et obtenir des résultats concrets dans le temps restant.
Face à ces défis, Mamadi Doumbouya doit agir avec efficacité et leadership, éliminant les tergiversations inutiles. Un dialogue immédiat et franc avec les acteurs politiques et sociaux, le retour à l’ordre constitutionnel, et des gestes forts vers l’apaisement sont impératifs pour espérer une transition réussie. Les jours à venir seront cruciaux pour déterminer si le pays peut sortir de la tourmente générale actuelle vers une normalité attendue.
Abdourahamane Nabé