Excellence Monsieur le Président de la transition,
Je vous écris cette missive, par devoir professionnel et par crainte d’une crise socio-économique ingérable dans notre pays. Une crainte qui n’aurait peut-être pas existé si le service internet n’était pas restreint pendant plus d’un mois.
Monsieur le Président, vous êtes très certainement occupé par la gestion de la crise engendrée par l’explosion du dépôt de carburant dans la commune de Kaloum. Une action patriotique à l’image de la chaîne de solidarité manifestée par les guinéens et amis de la Guinée, au lendemain de ce sinistre incendie. Ainsi, permettez-moi de vous dire, sauf votre respect, que les conséquences économiques qui résultent de la restriction des services internet et des médias, valent celles de l’explosion du dépôt de carburant sur Kaloum. Je pars du fait que vos conseillers et cadres, n’ont pas eu l’intelligence ou le temps de faire une évaluation socio-économique de l’impact des restrictions de l’internet, sur les chiffres d’affaires des investisseurs locaux et étrangers exerçants dans tous les secteurs d’activités en Guinée !
Excellence Monsieur le Président de la Transition,
un média de la place vient d’envoyer ses employés qui s’avèrent être des guinéens, en congé technique pour une période non déterminée. D’autres médias suivront sans doute. Permettez-moi de vous informer aussi que la perte économique de l’ensemble des sociétés de téléphonie et fournisseurs d’accès à internet, s’élève à près d’un demi-million de dollars américains soit près de 5 milliards de nos francs par semaine. Que dire des pertes que subissent les guinéens et guinéennes qui vivent des activités commerciales en ligne ?
Monsieur le Président, votre population souffre, elle souffre des décisions prises par l’Etat dont vous avez la charge de diriger ! Des décisions à l’image de la restriction du droit au libre accès à l’internet et à l’information des guinéens. Sans oublier, la société MTN Guinée aussi est fermée pour non-paiement des redevances et taxes. Et là, d’autres guinéens se retrouvent aussi au chômage ! Une situation qui pouvait être évitée si le pouvoir public dans le secteur des télécommunications était plus avenant. En vrai, l’économie numérique est profondément touchée par ladite restriction. Pourtant, elle nourrit directement et indirectement des millions de guinéens et guinéennes.
Mon Colonel et fier défenseur du peuple opprimé du 5 septembre, je me permets d’écrire cette lettre car j’ai la conviction que malgré toutes vos craintes et le poids de vos charges à la tête de notre État, votre conviction de libérer le peuple de Guinée de la dictature et de l’oppression au lendemain des élections contestées de 2020, finira par prendre le dessus. Cette conviction motivera votre décision et celle de votre gouvernement à libérer l’internet dans notre pays. En plus, le monde étant un village technique et technologique, il existera toujours les moyens officieux pour contourner toutes restrictions de l’internet. Ces moyens qui comportent d’énormes risques cybernétiques dont tous les citoyens y compris les membres du gouvernement et dirigeants de la République, sont exposés.
N’toma Mamadi, pour être honnête avec vous, la restriction n’est pas la solution aux problèmes sécuritaires dont votre gouvernement craint !
En vous souhaitant bonne réception de cette lettre, je vous prie d’accepter, Excellence Monsieur le Président de la transition, les expressions de ma très haute considération et de mon optimisme quant à votre capacité à prendre des décisions éclairées pour le bonheur de tous les guinéens.
Signé :
KABA MAMADI
Spécialiste des Télécommunications & du développement Numérique
Auteur du livre :
« Les Freins du développement Numérique en Guinée et ma Vision »
Email : [email protected]