Le procès des événements survenus au stade du 28 septembre 2009 s’est poursuivi ce mercredi 15 novembre 2023 au Tribunal criminel de Dixinn délocalisé à la cour d’appel de Conakry avec le passage des témoins.
A l’audience du jour, c’est le général à la retraite Oumar Sanoh, ex-chef d’état major général des armées au moment des faits qui est venu témoigner devant le tribunal . Dans sa déposition, le général a tout d’abord déclaré que des instructions avaient été données afin de caserner tous les corps habillés à l’exception de la police et de la gendarmerie. Plus loin, il admet que 155 corps ont été transportés au camps Samory situé dans la commune de Kaloum puis ramené à la morgue de l’hôpital Ignace Deen.
« Il y avait une radio qui était à côté, elle émettait, j’ai entendu parler de ce qu’il s’est passé au stade. Entre 10 heures et 11 heures, j’ai reçu l’appel d’une française à travers un téléphone, elle m’a dit qu’elle est responsable de la Croix rouge international, elle est là pour former la Croix rouge guinéenne. Elle dit qu’elle est au stade, on est débordée, la croix rouge est là, il y a beaucoup de blessés et il y a des morts, mais il n’y a qu’une seule ambulance, aidez-nous à avoir des ambulances. J’ai contacté le service de santé, j’ai appelé le ministre Diaby, il m’a dit qu’il va dans son chantier à Coyah, je lui aie dit qu’il y a quelque chose qui se passe au stade, on veut des ambulances, la croix rouge a besoin des ambulances et il dit que toutes les ambulances de l’armée sont en panne, on a hérité des engins défectueux après Lansana Conté. Il a dit qu’il va voir au niveau des hôpitaux, il a raccroché et je suis resté. Il a rappelé et m’a dit que Fatou Siké n’a qu’une seule ambulance disponible, l’ambulance est partie au stade. On est resté sur ça, la dame m’a rappelé encore, il y a 2 ambulances, mais le nombre est insuffisant. Ainsi, elle m’a demandé si je peux avoir des camions. Je lui ai répondu vous voulez combien de camions ? Je peux avoir 3 camions. J’ai appelé le commandant du train militaire, je lui ai ordonné de préparer 3 camions carburés avec des chauffeurs à bord et désigner un chef de mission parmi les chauffeurs. Les chauffeurs sont allés directement au stade, rencontrer la française et sont mis à sa disposition. Les camions sont effectivement partis, les chauffeurs sont partis se mettre à la disposition de cette dame. Elle m’a confirmé que les 3 camions sont arrivés. Ce sont ces 3 camions que moi j’ai ordonné. Ensuite, par l’intermédiaire des chauffeurs la dame a pu avoir le commandant du train militaire pour dire qu’il a été augmenté un camion, cela fait 4 camions. Les 4 camions sont allés au stade, ils ont embarqué 155 corps, ils ont démarré pour aller à la morgue, arrivé à la morgue, les chauffeurs n’ont pas vu les responsables de la morgue, sur leur initiative, ils ont conduit les corps au camp Samory. Ceux qui étaient à la morgue ne pouvaient pas recevoir les corps, la salle n’était pas préparée. Les chauffeurs ont décidé eux même d’aller au camps Samory. Ils ont garé les 4 camions tout en demandant de les appeler quand la morgue sera prête. Puis, quand la salle était prête ils ont ramené les corps à la morgue à Ignace Deen, ils ont déposé les corps », a-t-il témoigné devant le tribunal.
Selon les organisations de défense des droits de l’Homme, 157 personnes ont perdu la vie pendant ces douloureux évènements. Le passage de ces anciens dignitaires au moment des faits constitue donc une étape cruciale du procès jugé historique par bon nombre d’observateurs.
Pour l’instant, l’audience est suspendue par le juge Tounkara au compte de la pause observée la mi-journée.
Mamadou Saidou Baldé