Amadou Damaro Camara à la barre rejette toutes les charges articulées contre lui par la cour de répression des infractions économiques et financières (CRIEF). Sur le dossier de détournement de deniers publics, c’est-à-dire les 15 milliards de francs guinéens, l’ancien président de l’assemblée nationale, explique:
« il est dit quelque part que quand tu perds ton argent tu n’a rien perdu, quand tu perds ta santé tu as perdu quelque chose mais quand tu perds ta réputation tu as tout perdu. Monsieur le président, qu’il vous plaise que je vienne aujourd’hui, pour défendre mon honneur. Je voudrais souligner de passage que l’assemblée nationale ne reçoit que des subventions. L’assemblée nationale bénéficie le plus souvent d’une subvention de fonctionnement. La subvention d’investissement est exceptionnelle. Et les 15 milliards faisaient partie de cette exceptionnelle de subvention d’investissement.
Comment sommes nous arrivés à ses 15 milliards ? Amadou Damaro Camara répond. Nous avons bénéficié en tant qu’état d’un don du palais de l’assemblée nationale, estimé par les partenaires chinois à 40 millions de dollars. Un premier site juste derrière le ministère des affaires étrangères à Koloma. des etudes ont été effectuées sur ce site, je n’étais pas président de l’assemblée. Mais en 2020, le site a été relocalisé ailleurs et le nouveau site était de 36 milles mètres carés et 900 mètres de pourtour. Je dois vous dire que le nouveau site était envahi par des mécaniciens et des garagistes. Je n’avais pas d’argents ,je venais à peine d’être élu… Nous avons clôturé la session ordinaire de l’assemblée le 05 juillet 2021. Nous avions trois mois de vacances parlementaires jusqu’au 05 octobre. Au plu tard habituellement jusqu’au 10 juillet, nous avions habituellement la subvention trimestrielle du juillet, août, septembre qui permet aux députés d’aller en vacances et au personnel. Pour ce qui est de la gestion en 2021, le président avait bloqué tous les paiements y compris à l’assemblée nationale. Tout le mois de juillet, nous n’avons pas eu la prime. C’est vers le 15 août que 15 milliards ont été payés, pas pour les primes mais l’aide à la construction du siège. J’ai envoyé des émissaires vers le président qui m’a dit non. C’est en ce moment que des collègues du bureau m’ont dit : prennons la prime des députés dans l’argent à notre disposition. Et quand le Chef paiera les primes, nous allons restituer les fonds parce qu’on ne pouvait pas faire la rentrée d’octobre sans que ces primes ne soient payées. J’ai ainsi ordonné qu’on prenne sur les 12 milliards à peu près qui restaient pour payer les députés » s’est défendu Amadou Damaro Camara
Ensuite, il renchérit en ces termes:
« Il m’a fait une proposition d’environ 2 milliards et quelques. J’ai payé 1 milliard 800 millions de francs guinéens. A un moment donné il m’a dit qu’il va arrêter parce qu’il a sous évaluer les travaux. D’après lui, il était à plus de 150 camions de gravats jetés hors de Conakry. Nous le bureau, nous avons voulu faire une clôture définitive autour du terrain. Mais toutes les clôtures proposées étaient en dehors de notre budget. C’est comme ça que je lui ai demandé de nous faire une clôture provisoire, mais comme le quartier était chaud, il fallait faire une clôture en IPN. Il a aussi construit deux hangars pour la gendarmerie qui surveillait les lieux. Il y a eu même un opérateur qui nous a offert deux forages sur le terrain qu’on a pas facturé…»
Après cet exposé préliminaire de l’accusé, Place à présent à la phase des question-réponses.
Gnima Aïssata Kébé