La récente réaction de la CEDEAO face au coup d’État au Niger soulève des questions concernant sa crédibilité et son efficacité en tant qu’institution régionale. En choisissant de brandir rapidement l’option militaire plutôt que d’explorer des solutions diplomatiques, la CEDEAO semble avoir raté l’occasion de montrer sa capacité à résoudre les conflits de manière pacifique.
Après une série de décisions contestées et de confusions dans les cas du Mali, de la Guinée et du Burkina Faso, la manière dont la CEDEAO gère le dossier nigérien semble être une continuation de ces défis. Ces incidents ont conduit à une perception grandissante de l’institution comme étant sous l’influence de Paris et de Washington, ce qui soulève des inquiétudes quant à son indépendance et à sa capacité à agir dans l’intérêt des États membres de la région.
Le rejet croissant de la CEDEAO par les populations ouest-africaines est également un point important à considérer. La perte de quatre membres en moins de trois ans a certainement ébranlé la crédibilité de l’institution. La question qui se pose alors est de savoir si la CEDEAO peut survivre à ces revers et regagner la confiance de ses membres et de la population.
La proposition de remplacer la CEDEAO par une association plus rassembleuse autour d’un projet solide mérite d’être examinée. Une refonte complète de l’institution pourrait permettre de repenser ses objectifs, sa structure de gouvernance et ses mécanismes de prise de décision. Cependant, une telle transition ne serait pas sans défis et nécessiterait un engagement fort des États membres et des parties prenantes.
En fin de compte, le moment est venu pour la CEDEAO de réfléchir sérieusement à son avenir et à sa pertinence dans un contexte en constante évolution. Si l’institution souhaite regagner la confiance et le respect des populations ouest-africaines, elle doit s’efforcer de démontrer sa capacité à agir de manière indépendante, équitable et efficace, tout en explorant des alternatives qui pourraient mieux répondre aux besoins et aux aspirations de la région.
Abdourahamane Nabé