Depuis plusieurs décennies, l’Afrique de l’Ouest francophone a été le théâtre de coups d’État militaires qui ont souvent été perçus comme une réponse à l’échec des politiques gouvernementales à impulser la prospérité et le développement économique. Ce mercredi 26 juillet 2023. le Niger a rejoint la liste des pays touchés par cette instabilité politique, avec le coup d’État qui a conduit à la suspension de la constitution de la 7ème République et à l’instauration d’un couvre-feu.
Ce coup d’État au Niger fait écho à une série de transitions démocratiques compromises dans la région. Des pays tels que la Guinée, le Mali et le Burkina Faso ont également connu des régimes militaires populistes et des épisodes d’instabilité politique, remettant en question la marche de la démocratie dans la sous-région.
L’une des principales causes qui alimentent cette instabilité est l’incapacité des gouvernements à répondre efficacement aux besoins de leur population et à impulser le développement économique. Malgré les richesses naturelles, les ressources et le potentiel économique de ces pays, la pauvreté et l’inégalité persistent, engendrant des mécontentements et des frustrations parmi les citoyens. Les problèmes structurels tels que la corruption, le népotisme, le manque de transparence dans la gouvernance et la mauvaise gestion des finances publiques ont sapé la confiance de la population envers leurs dirigeants élus.
Le chômage élevé, en particulier chez les jeunes, aggrave la situation, car il laisse une large part de la population sans perspectives d’avenir et vulnérable à l’endoctrinement extrémiste. Ces facteurs ont contribué à la montée du banditisme, des trafics illégaux et du terrorisme dans la région, compromettant davantage la sécurité et la stabilité.
Le défi actuel pour les militaires au pouvoir dans ces pays réside désormais dans leur capacité à faire face à ces problèmes sécuritaires qui ont été en partie nourris par l’échec des politiques antérieures. Les solutions doivent être à la fois politiques, économiques et sécuritaires, impliquant une coordination régionale et une approche holistique.
Pour sortir de cette spirale d’instabilité, il est impératif que les gouvernements et les dirigeants en Afrique de l’Ouest investissent davantage dans le développement économique, l’éducation, la santé et l’emploi. Des politiques inclusives, favorisant l’investissement privé, la diversification économique et la création d’opportunités pour tous les citoyens, doivent être mises en place.
De plus, une bonne gouvernance, la transparence et la responsabilité des dirigeants sont essentielles pour regagner la confiance du peuple et pour garantir la stabilité politique et la démocratie durable. Les institutions démocratiques doivent être renforcées pour prévenir l’érosion de l’État de droit et la concentration excessive du pouvoir.
Enfin, une coopération régionale accrue est nécessaire pour faire face aux défis sécuritaires communs tels que le terrorisme, le trafic d’armes et le crime organisé transnational. Les pays de l’Afrique de l’Ouest doivent unir leurs efforts pour renforcer leurs capacités de sécurité et coordonner leurs actions pour lutter efficacement contre ces menaces.
En conclusion, les coups d’État en Afrique de l’Ouest sont en partie le résultat de l’échec des politiques incapables d’impulser la prospérité et le développement économique. La transition vers une stabilité politique durable et une démocratie renforcée nécessite des efforts concertés pour remédier aux problèmes sous-jacents, tant sur le plan économique que sécuritaire. Seule une approche globale et coordonnée permettra à la région de sortir de cette période d’instabilité et de tracer un chemin vers un avenir meilleur.
Abdourahamane Nabé