A l’occasion de la célébration de la Journée internationale de la liberté de la presse le 3 mai à la Haute autorité de la communication (HAC), le Premier ministre Dr Bernard Goumou, a déclaré que les 6 milliards de l’année dernière avaient été une subvention accordée aux médias privés de façon exceptionnelle. Raison pour laquelle le montant a été raboté à trois milliards de francs guinéens par la Loi des finances.
Le Premier ministre s’est-il trompé de langage ou bien cherche-t-il à faire oublier la promesse personnelle et solennelle du président de la Transition, le colonel Mamadi Doumbouya, tenue au lendemain de sa prise du pouvoir ? La question se pose.
En parlant de la sorte et de manière officielle au cours d’une journée de fête dédiée à la promotion de la liberté de la presse, Dr Bernard Goumou sème le doute dans l’esprit de tous et laisse tout le monde perplexe. De sorte que l’on ne peut s’empêcher de demander que l’on nous dise ce qui s’est passé entre-temps au Palais alors que le nombre de médias guinéen ne cesse de croître dans le pays.
C’est une évidence que les organes de presse imprimés, en ligne, et audiovisuels ont évolué en Guinée. Et la subvention annuelle de l’Etat concourt d’une certaine façon à leur développement.
Quant aux associations professionnelles des médias, elles ont bénéficié d’une Maison de la presse offerte gracieusement par le président de la transition, le colonel Mamadi Doumbouya.
Certes, cela est un acquis important sous le régime de la transition parce que sous le régime précédent, la demande avait été formulée, mais le président n’avait rien fait pour doter la presse d’une maison. Aujourd’hui, la Maison de la presse est une réalité. Plus de loyer à payer. L’histoire retiendra cela.
Mais il faut dire que chacune des associations de presse de Guinée rassemble des catégories de médias ayant inscrit leur part de cette modique subvention, approuvée par l’Assemblée nationale et rendue effective depuis plus de vingt ans, dans leur comptabilité. Comment vont-elles faire si un incroyable rétropédalage venait réduire leur part attendue ?
Cela dit, la promesse présidentielle de réviser à la hausse le montant de la subvention de l’Etat à la presse devrait être une réalité. Sans être logée à la même enseigne que les engagements en faveur de l’abandon de tout financement pouvant fortifier la liberté d’expression, cet important pilier de la démocratie qu’est la presse libre, critique et responsable.
Il est urgent de rappeler que les premières heures du régime de la transition montraient des signes d’espoir avec la promesse du colonel Mamadi Doumbouya assurant que la presse cesserait d’être l’orpheline du pays. Mais si jamais le discours du Premier ministre s’avère, ce serait dommage.
Observée sous tous les angles possibles, la sortie du Premier ministre pose des questions. Parmi lesquelles celles de savoir si à partir de maintenant associations de presse et dirigeants de médias devraient comprendre que la promesse n’est plus une dette ; que la promesse n’est faite que pour ceux qui y croient ; que l’espoir suscité par la promesse des premières heures n’est qu’un leurre. Autrement dit, tout ce qui a été promis n’est que du vent qui caresse au début, mais qui finit par transporter la poudre yeux.
Pour la transition et la démocratie, le colonel Doumbouya doit faire comprendre que sur ce sujet son Premier ministre doit revoir son discours. Il doit immédiatement réparer l’erreur.
Il ne doit pas laisser l’opinion publique nationale et internationale croire que sous la transition les promesses sont à prendre avec des pincettes. Ou que seules les associations de presse et leurs membres qui croient aux promesses en pâtiront.
Alpha Abdoulaye Diallo