L’insalubrité à Conakry est une menace pour la sécurité humaine. Quelques jours tout juste après des opérations ‘’ m’as-tu vu ’’ de ramassage des ordures par les autorités, qui se sont déroulées du 14 au 18 juillet 2022, la capitale Conakry a renoué avec les immondices. Les populations notamment riveraines et les déchets cohabitent encore ensemble dans les rues et quartiers de la capitale guinéenne. Oui ! Conakry est encore submergé ou envahi par des ordures de tous genres. Ce qui a de lourdes conséquences sur la santé avec l’émergence des maladies telles que le paludisme, la fièvre typhoïde.
Des opérations « m’as-tu vu » n’ont jamais débarrassé un quartier, une ville d’immondices. La preuve est là aujourd’hui : les ordures ont refait surface partout à Conakry.
En effet, lorsque certains avaient dit lors de ces opérations « m’as-tu vu » des autorités que de telles démarches ne pourraient débarrasser la capitale des immondices qui jonchent les rues, d’aucuns avaient pensé à un sabotage. Pourtant, le temps leur a donné raison aujourd’hui.
Conakry ne sera débarrassé des immondices que lorsque sera peaufinée une véritable stratégie d’assainissement et de gestion des ordures.
Ce n’est nullement avec des solutions conjoncturelles que les autorités parviendront à changer cette image défigurée que présente Conakry depuis quelques temps du fait des détritus. L’organisation de ces journées civiques d’assainissement est certes une très bonne idée, mais elle ne permettra pas à Conakry de redorer son blason.
La principale question qu’il faut se poser aujourd’hui si on veut définitivement résoudre ce problème criard d’insalubrité est : Pourquoi la capitale Conakry appelée autrefois perle de l’Afrique est devenue si sale au fil des années ? Si les bonnes questions ne sont pas posées, il sera très difficile voire impossible pour le Ministère de l’Administration du Territoire et de la Décentralisation (MATD) d’apporter des solutions adéquates et pérennes à ce problème aigu d’insalubrité.
En clair, pour réussir la guerre contre les détritus pour que la capitale Conakry retrouve son visage d’autrefois, il faut :
●mettre en place une politique pérenne d’assainissement et de gestion des ordures ;
●doter l’Agence Nationale de Salubrité Publique (ANASP) d’un budget conséquent, à défaut de l’ériger en Ministère ;
●installer suffisamment des poubelles publiques ;
●faire la promotion des PME de ramassage d’ordures à travers des campagnes de sensibilisation pour amener les populations à s’abonner ;
●campagne de sensibilisation et d’incitation des citoyens à ne pas jeter leurs déchets dans les rues, caniveaux ou autres espaces publics;
●prendre des mesures draconiennes et répressives contre tous ceux qui se livrent à ce sabotage consistant à jeter des ordures sur la chaussée, sur les places publiques, dans les caniveaux qui les obstruent souvent. Conséquence, des inondations et l’exposition de la population à toutes sortes de maladie ;
●interdiction formelle des sacs, sachets d’eau et autres matières plastiques. Faire la promotion des éléments biodégradables ;
●mise en place d’une brigade spéciale de répression des populations qui s’évertuent à jeter des ordures sur des places et voix publiques ;
●chercher à ouvrir une usine ou développer une politique consistant à transformer les ordures en électricité et autres.
Loin d’un quelconque sabotage, mais la vérité est que ce n’est aucunement avec des campagnes ‘’Selfie de ramassage d’ordures ’’ de quelques jours que Conakry retrouvera son image reluisante d’autrefois. Il faut une véritable politique d’assainissement et de gestion des ordures. En un mot, il faut des réponses structurelles.
Les tenants du pouvoir actuel doivent organiser des campagnes de sensibilisation des citoyens à tous les niveaux aujourd’hui pour qu’ils comprennent enfin qu’une ville propre, c’est l’affaire de tous et non des autorités seulement ! Il faut un véritable changement de mentalité à tous les niveaux.
Clairement, la solution réside dans l’obligation d’abonnement des ménages aux PME de pré-collecte des ordures, le rapprochement des infrastructures des populations par l’installation suffisante de poubelles dans les rues, le curage régulier des caniveaux, la collecte régulière des ordures aux lieux de ramassage, leur traitement par compostage et leur incinération.
À vrai dire, l’élément clé de tout ce processus aujourd’hui est l’aménagement rapide d’une décharge digne de nom pouvant accueillir toutes les ordures de Conakry et environnant. Bref, c’est ensemble que les Conakrykas réussiront à lutter efficacement contre l’insalubrité !
En un mot, quelle que soit la bonne volonté des autorités, si les mesures citées ci-haut ne sont pas prises, il serait très difficile voire impossible de débarrasser nos villes de ces immondices qui ternissent l’image de notre pays.
Sayon MARA, Juriste