Plus d’un se poseront tout de suite la question de savoir pourquoi parmi tous les dossiers d’audits transmis par l’Agent Judiciaire de l’Etat au Procureur Général près la Cour d’appel de Conakry, seuls les rapports définitifs du démantèlement de la ligne de chemin de fer Conakry-Niger et la vente d’Air Guinée retiennent mon attention.
La particularité de ces deux rocambolesques dossiers est qu’il s’agit là de deux patrimoines nationaux, qui faisaient autrefois la fierté des guinéens.
Loin d’avoir un esprit sélectif ou tendancieux, mais ces rocambolesques dossiers doivent figurer parmi les priorités des priorités des nouvelles autorités pour les raisons suivantes :
Concernant la ligne de chemin de fer Conakry-Niger, longue de 662 Kilomètres, au-delà de son aspect économique dont on ne peut évaluer à sa juste valeur l’importance, sa construction a coûté la vie à des milliers de guinéens de 1910 à 1915. En clair, elle est construite à la sueur et sur les corps de nos grands-parents.
Les guinéens qui ont contribué au démantèlement de ce patrimoine national sont pires que Chetan, car en préservant ce patrimoine, c’est d’honorer la mémoire de ces innombrables victimes.
Partout dans les autres pays, même si les trains ne marchent pas, les lignes de chemin du fer ont été toujours maintenues. C’est seulement en Guinée que des personnes mal intentionnées ont eu l’audace de les démanteler. Ce qui constitue un crime odieux contre le vaillant peuple de Guinée.
En plus de la facilité des déplacements des populations à vil prix (à la portée de tous), les retrouvailles faciles des parents, les échanges commerciaux, ce moyen de transport permettait aux élèves et étudiants de regagner facilement leurs familles ou leurs établissements.
Aujourd’hui, des populations sont obligées de prendre d’autres moyens de déplacement à prix d’or, comme des taxis et autres moyens de déplacement pour se rendre à l’intérieur du pays. Sans oublier que le moindre bagage est payé. Ce qui n’est souvent pas sans conséquence, surtout avec cette insécurité grandissante, ce phénomène de coupeurs de route auquel tous ceux qui empruntent la voie terrestre sont confrontés. En clair, le démantèlement des rails a contribué à l’appauvrissement des populations.
Depuis le temps du Capitaine Dadis, ces rocambolesques affaires reviennent au centre des débats nationaux. Le peuple de Guinée ne souhaite pas que ces annonces soient un feu de paille cette fois-ci . Le peuple a droit de savoir la vérité sur ces dossiers, car c’est sur les cadres des milliers de guinéens que la ligne de chemin du fer Conakry-Niger a été construite.
Pour le cas de la compagnie nationale Air Guinée, en plus du fait que des pilotes qui ont été formés sur le contribuable guinéen se retrouvent aujourd’hui dans d’autres compagnies à cause du manque de compagnie dans notre pays, la compagnie Air Guinée fait partie de notre souveraineté. Plusieurs localités étaient desservies par cette compagnie.
Par ailleurs, que les nouvelles autorités n’oublient pas le bradage de l’usine de Fria. Bref, aucun crime économique ou bradage des biens publics ne doit rester impuni.
Sayon MARA, Juriste