Jamais dans l’histoire du pays, une loi des finances n’a fait autant de bruit. Jamais, elle n’a déchainé autant de passions pour être un sujet de débat national.
Tout le monde s’est engouffré. Dans un pays à majorité analphabète, où les citoyens , d’ordinaire moins intéressés par les sujets élitistes pour lesquels on fait l’effort de lire et de comprendre les lignes et les chiffres, ça peut bien susciter des interrogations.
Sans barguigner, la réponse serait liée à la paupérisation de la population, qui est la conséquence combinée de la crise économique mondiale et de la gestion peu enviable du pays par les dirigeants déchus du pouvoir.
A la découverte des montants démentiels contenus dans ladite loi , des montants qui ne sont dédiés que pour le fonctionnement de certains services à moindre impact sur le développement, des Guinéens ont eu le sentiment d’être grugés par leurs dirigeants qui , pourtant prônaient constamment l’ascétisme en vue de juguler l’effet d’une crise économique mondiale.
Les Guinéens ont, à cet effet eu le sentiment d’avoir des clique-niqueurs au sommet de l’État qui n’en avaient cure de leurs souffrances.
Le CNRD qui est constamment dans la démarche visant à conforter sa légitimité populaire, a ainsi trouvé une autre opportunité, en parlant de cette énigme , pour convaincre les nombreux sceptiques sur le bien-fondé de son coup de force du 05 septembre.
La faille est trouvée. il faut aller déterrer les secrets enfouis .
La stratégie pour les dévoiler , pour une fois, a été bien murie. La méthode aussi débarrassée des agissements de ces derniers temps qui rappellent les anciennes très mauvaises pratiques .
Pour déconstruire le machin, on a misé sur des gens qui étaient de ceux qui l’ont imposé malgré la répugnance collective. La pédagogie est bien pansée.
Les explications ont laissé transparaitre la trop grande cupidité des géniteurs de ce budget.
De l’ancienne Présidence de la République à l’assemblée nationale qui en a donné une caution en autorisant son exécution, en passant par la primature et les ministères concernés, chacun en a subtilement pris pour son grade. jugé et condamné par le commissariat de l’opinion.
Il y a eu des révélations scandaleuses , qui s’ajoutent à ce que tout le monde savait jusqu’ici de ce budget et qui a d’ailleurs provoqué la colère de beaucoup de Guinéens, malgré les efforts d’explications des autorités d’alors pour faire changer une opinion déjà faite . C’est l’augmentation exponentielle des crédits de fonctionnement de certaines institutions .
L’écurie de spécialistes réquisitionnée pour la bonne cause a révélé qu’il y a eu des prévisions de dépenses pour des structures quasi inexistantes ou non encore actives comme le haut conseil des collectivités et la haute cour de justice. Quelle incurie !
En rappelant l’insuffisance d’outil de planification des dépenses réalisables, l’inexistence des moyens de contrôle, l’absence de support pour les dépenses, le manque de rigueur dans la répartition des dépenses publiques , la junte laisse entendre que son irruption par effraction sur la scène politique a été des plus opportunes pour faire obstacle à la tentation des cadres à se servir.
Cette autre campagne de séduction des militaires, menée par le ministre secrétaire général à la présidence, celui-ci qui se révèle être ainsi le véritable patron de l’administration faisant ombrage au très discret Premier ministre, ne peut occulter la prestation de serment des gouverneurs. Ces derniers, au gré du chef suprême des armées, ont été amenés à jurer sur les livres saints pour qu’ils demeurent loyaux et dévolus aux idéaux de l’homme.
Des faits rares qui contrastent avec la sérénité. cela rappelle l’histoire des régimes en déchéance.
En Guinée, on a des précédents avec les anciens Présidents Lansana Conté et Dadis Camara.
Contrairement au colonel-Président, eux, ils étaient au soir de leur règne avec un sentiment d’échec de pouvoir changer des cadres .
Pour le cas actuel, avec un pouvoir qui fait ses premiers pas, ça a tout l’ère du culte de la personnalité.
A chacun de tirer sa conclusion.
Mognouma