Le collectif des contractuels des départements ministériels guinéens a organisé, ce mercredi 10 décembre 2025, une conférence de presse à la Bourse du Travail. Objectif : attirer l’attention des autorités sur la précarité persistante de leur statut et réclamer leur intégration définitive à la Fonction publique. Ils sont au total 7 369 agents à servir quotidiennement l’État dans des conditions jugées difficiles et injustes.

Au nom du collectif, Thierno Baïlo Diallo, coordinateur, a dénoncé la réalité socio-professionnelle de milliers de contractuels qui, selon lui, œuvrent depuis plus d’une décennie au fonctionnement de l’administration publique sans reconnaissance statutaire : « L’intégration à la fonction publique des contractuels temporaires qui servent dans les départements ministériels et institutions publiques du pays depuis de nombreuses années dans des conditions extrêmement difficiles. Faible rémunération, absence de couverture sociale et non prise de compte de notre ancienneté. »
Il a rappelé que le salaire mensuel actuel, fixé à 550 000 GNF, ne permet plus aux contractuels de satisfaire leurs besoins essentiels dans un contexte économique marqué par l’inflation : « Avec un salaire précaire dérisoire de 550 000 par mois, nous avons de sérieuses difficultés aujourd’hui à faire face à nos obligations familiales. »
Tout en saluant la volonté affichée du Chef de l’État dans le cadre de la refondation, il déplore les blocages administratifs qui freinent le changement de statut : « Nous sollicitons vivement : 1. l’intégration pure et simple des 7 369 contractuels temporaires à la fonction publique, 2. l’ouverture d’un cadre de dialogue formel. »
Il a également exhorté le Président, le Premier ministre et l’ensemble du gouvernement à considérer l’urgence humanitaire, sociale et professionnelle que représente la situation des contractuels.
Prenant la parole à son tour, Péma Bllivogui, l’un des contractuels, est revenu sur le sentiment d’injustice qui anime les contractuels après les derniers concours de recrutement à la Fonction publique : « Aucun contractuel n’a été retenu. Et nous connaissons les conditions dans lesquelles les résultats ont été publiés. C’est cette injustice que nous ne pouvons pas accepter. »
Pour lui, de nombreux agents ont renoncé à une carrière dans le secteur privé ou juridique pour servir l’État, espérant être intégrés un jour.
Il affirme que malgré leur frustration, les contractuels restent engagés pour la stabilité du pays : « On ne veut pas de grève, nous sommes des cadres, nous sommes formés pour aider l’État à avancer. »
Hawa Camara, chargée de l’administration au ministère du Commerce, a mis en lumière les difficultés spécifiques auxquelles sont confrontées les femmes contractuelles, souvent responsables du foyer : « 550 000 francs guinéens, c’est une forte somme, mais ça n’arrive pas à couvrir tous les besoins des contractuels temporaires, surtout nous les femmes. »
Elle déplore l’absence de couverture sociale, l’insuffisance des salaires et les longues années de service sans aucune garantie : « Il y a d’autres qui ont fait 10 ans, il y a d’autres qui ont fait 15 ans, il y a d’autres qui sont morts, il y a d’autres qui sont vieux… »
Elle appelle l’État à régulariser la situation : « On ne demande pas beaucoup, juste le changement du statut, c’est tout ce que nous demandons. »
Le collectif affirme avoir multiplié les démarches auprès des différentes institutions, sans obtenir de réponse satisfaisante : « Nous lançons un appel au général Mamadi Doumbouya, à son premier ministre, au ministre de la Fonction publique, au ministre de l’Économie et des Finances, au ministre du Budget et toutes les autorités guinéennes de penser aux guinéens lambda. »
Les contractuels disent rester attachés aux valeurs républicaines, déterminés à poursuivre des actions pacifiques et disposés au dialogue avec les autorités.
Gnima Aïssata Kébé










