Le Projet Simandou a une histoire ample qui parlera aujourd’hui et demain aux générations qui viendront. On retiendra qu’au début des années 2000 il représentait la plus vaste perspective d’exploitation de fer de haute qualité en Guinée, avec l’ambition d’extraire le plus important gisement encore non exploité au monde niché dans les montagnes de Simandou. On retiendra également que pour mener à bien ce chantier présenté comme le plus vaste projet intégré d’extraction de minerai de fer jamais engagé sur le continent africain, d’une valeur dépassant les vingt milliards de dollars, les dirigeants d’alors avaient engagé leur honneur et leur place dans l’histoire, avec la volonté ferme d’aboutir pour l’unique bénéfice du peuple guinéen.
C’est en substance cet héritage de responsabilité que le Président Mamadi Doumbouya et le comité stratégique de Simandou, conduit par le ministre directeur de cabinet de la Présidence Djiba Diakité, ont choisi d’assumer dans un élan de patriotisme. Conscient du pacte silencieux qu’il a passé avec lui-même et avec les Guinéens, le Président Mamadi Doumbouya a donné à la partie guinéenne une ligne claire, ferme et dépourvue de toute ambiguïté. Aucune tentation ne devait être tolérée, car ce qui se construit dépasse les destins individuels et engage l’avenir d’une nation entière.
Ces orientations ont été suivies avec rigueur par le ministre Djiba Diakité et l’ensemble du comité stratégique de Simandou, jusqu’au ministère en charge des Mines. Aucune opération financière liée au projet ne devait échapper aux exigences de traçabilité prévues par le code minier et par les standards internationaux, exigences que le Président Mamadi Doumbouya a toujours placées au cœur de sa gouvernance.
Lorsque le géant mondial China Baowu Steel Group a fait son entrée dans le projet avec un ticket d’adhésion de quatre-vingt-dix-neuf millions de dollars, devenant ainsi membre du Winning Consortium Simandou, il était normal que cet apport ne soit pas immédiatement assimilé par l’État tant que l’ensemble des conditions de mise en route du mégaprojet n’était pas solidement réuni. Baowu Resources et son partenaire WCS ont donc injecté l’intégralité de leur investissement, y compris les quatre-vingt-dix-neuf millions de dollars, directement dans les sociétés holding et les sociétés de projet chargées des infrastructures, afin d’assurer un financement immédiat, sécurisé et intégralement consacré aux travaux.
Plus clairement, cette somme n’a pas été orientée vers le trésor public mais utilisée comme apport direct pour l’exécution des travaux. Les autorités guinéennes avaient choisi de n’accepter aucune entrée dans les comptes publics avant que le projet ne devienne réellement opérationnel, autrement dit avant que le premier tonnage de fer n’emprunte le chemin de fer depuis les montagnes de Simandou pour rejoindre le port en eau profonde de Morébaya à destination de la Chine. Cet objectif a été atteint le 11 novembre 2025 lors d’une cérémonie empreinte de solennité.
Baowu, attaché à une gestion conforme aux règles de transparence imposées par la bourse et par les autorités de son pays, a ensuite officiellement demandé à l’État guinéen d’indiquer le compte du trésor public sur lequel les quatre-vingt-dix-neuf millions de dollars devront être transférés. Depuis cet instant, l’initiative appartient à la partie guinéenne, à qui il suffit de fournir les coordonnées bancaires afin que le versement soit effectué.
Le comité stratégique de Simandou a concentré ses efforts sur la réussite du projet, mais comme souvent dans l’histoire du pays, le terrain politique est venu troubler une dynamique pourtant claire. Certains ont affirmé que les quatre-vingt-dix-neuf millions de dollars avaient été détournés, comme si une telle manœuvre était encore plausible dans un monde où les flux financiers sont scrutés en continu par les régulateurs internationaux et les investisseurs. Imaginer qu’une entreprise mondiale cotée en bourse accepterait un glissement aussi risqué relève d’un folklore politique que plus personne ne devrait prendre au sérieux.
Ceux qui agitent l’idée fantaisiste d’un détournement semblent croire que la planète vit encore à l’époque où l’on cachait des valises sous les bureaux. Ils oublient que chaque transaction laisse aujourd’hui une empreinte numérique indélébile que même les plus téméraires des aventuriers politiques ne sauraient effacer. S’obstiner à imaginer l’inimaginable dans un monde saturé de contrôles internationaux revient à confondre fiction et réalité, ce qui illustre une fois de plus à quel point certaines polémiques relèvent moins de la réflexion que d’un spectacle de pure distraction.
Moussa Sylla










