À l’occasion du mois d’octobre, consacré à la lutte contre le cancer du sein, notre rédaction a rencontré Ibrahima Manda Doukouré, économiste, analyste social et religieux. Il livre une lecture spirituelle et sociale de la maladie à la lumière de l’Islam, tout en insistant sur l’importance de la prévention et du soutien communautaire.
Pour Ibrahima Manda Doukouré, la maladie, comme toute épreuve, relève de la prédestination divine, l’un des six piliers de la foi musulmane : « En Islam, tout ce qui nous arrive bonheur ou malheur fait partie de la volonté divine. Il est donc obligatoire de croire et d’accepter le destin, tout en faisant preuve de patience face à la maladie », explique-t-il.
Cependant, cette acceptation ne signifie pas la résignation. Le croyant doit chercher les causes, les moyens de prévention et les traitements : « Il nous est recommandé de consulter les experts, de prendre des précautions et de nous soigner tout en plaçant notre confiance en Dieu », ajoute-t-il.
L’analyste souligne que la foi permet de rester orienté dans l’épreuve, sans sombrer dans le désespoir : « On accepte la situation comme venant d’Allah, mais on prie et on agit pour l’améliorer. Dieu seul change notre situation, mais il nous demande de chercher les moyens. »
Concernant les soins médicaux, Doukouré rappelle les principes islamiques de pudeur et de respect : « En Islam, il est préférable que les femmes soient soignées par des femmes. Mais, en cas de nécessité, elles peuvent consulter des hommes, à condition de préserver leur dignité. »
Il encourage par ailleurs les autorités et les familles à former davantage de femmes médecins, afin de faciliter l’accès aux soins dans le respect des valeurs religieuses.
Pour Doukouré, la solidarité communautaire est indispensable dans la lutte contre le cancer du sein : « La communauté doit soutenir ses membres malades, sensibiliser les femmes sur la prévention, encourager les dépistages réguliers et offrir un accompagnement moral et spirituel. »
Il cite également plusieurs pratiques favorables à la santé selon l’Islam : << une alimentation saine et équilibrée, une bonne hydratation et un sommeil suffisant. Aussi l’allaitement maternel,l’exercice physique régulier, la roqya (lecture de versets coraniques sur le malade), la recherche de traitements modernes et traditionnels, toujours avec l’invocation du nom de Dieu.>>
Enfin, il invite à impliquer les prédicateurs, les pères de famille et les hommes en général dans la sensibilisation : « Élargir la connaissance des maladies comme le cancer du sein permettra de renforcer la prévention, de reconnaître les symptômes tôt et de favoriser un traitement rapide. »
Gnima Aïssata Kébé