À quelques jours seulement de la rentrée universitaire, l’enseignement supérieur guinéen a frôlé une crise majeure. Une menace de grève générale planait sur les institutions publiques, avant qu’un compromis ne soit finalement trouvé entre le gouvernement et le Syndicat national de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique (SNAESURS).
Selon plusieurs sources au sein du syndicat, les enseignants s’apprêtaient à relancer le mot d’ordre de grève illimitée en vigueur depuis 2023. Le mouvement devait sanctionner le non-respect, par l’État, du statut particulier convenu avec le corps professoral.
Mais la médiation conjointe des ministères de l’Enseignement supérieur et de la Fonction publique a permis d’éviter le pire. Le secrétaire administratif du bureau national du SNAESURS, Dr Mohamed Soumaoro, a confirmé à notre rédaction que la grève était effectivement en préparation avant cette intervention gouvernementale : « Nous étions prêts à boycotter la rentrée. Une lettre de suspension de notre mot d’ordre de grève était déjà prête. Mais les deux départements concernés ont pris nos revendications à bras-le-corps. Les ministres eux-mêmes se sont impliqués, accompagnés de leurs cadres techniques. Ensemble, nous avons tenu plusieurs réunions et missions pour trouver des solutions », a expliqué Dr Soumaoro.
À l’issue de ces discussions, une grande partie des revendications syndicales a trouvé une issue favorable : « Le résultat obtenu, grâce à la volonté des deux ministères d’aller au-delà de nos attentes, ne nous permet pas aujourd’hui de maintenir la grève. C’est pourquoi nous y avons renoncé », a précisé le responsable syndical.
Les points d’accord portent notamment sur l’application effective du statut particulier des enseignants-chercheurs, comprenant la mise à jour des primes selon les grades, ainsi que le reclassement administratif des personnels. Plusieurs retards dans la progression hiérarchique de A2 à A3, par exemple sont en cours de régularisation.
Autre sujet sensible : la dotation en véhicules de service. À ce propos, Dr Soumaoro indique que la Conférence des recteurs et directeurs généraux (CRDG) a déjà conclu un partenariat avec une entreprise chinoise pour importer des engins destinés aux cadres concernés.
Quant à la supposée violation du protocole d’accord de juillet 2023, le syndicat reconnaît qu’il n’y a finalement pas eu de manquement de la part du gouvernement.
Le SNAESURS se félicite de la dynamique actuelle, tout en appelant à la poursuite du dialogue pour consolider les acquis : « Dans l’enseignement supérieur, la démarche est graduelle. Chaque résultat obtenu mérite d’être consolidé avant d’envisager d’autres étapes », conclut Dr Soumaoro.
Gnima Aïssata Kébé