Plus de quinze ans après les massacres du 28 septembre 2009 au stade de Conakry, le général Sékouba Konaté, ancien président de la transition guinéenne, remet le dossier au centre du débat judiciaire et politique. Dans une récente interview accordée à la chaîne Vox Africa, l’ex-chef du Conseil national pour la démocratie et le développement (CNDD) a plaidé pour que la Cour pénale internationale (CPI) se saisisse à nouveau du dossier, qu’il estime entaché de « mensonges » et de « manipulations ».
« Même si le président Mamadi Doumbouya lui a accordé une grâce présidentielle, ce n’est pas un problème. Mais je souhaite que la CPI reprenne ce dossier. On verra qui dit la vérité », a-t-il déclaré, en référence à l’ancien chef de la junte, le capitaine Moussa Dadis Camara.
Pour Sékouba Konaté, seul un jugement devant une instance internationale serait en mesure de garantir une justice équitable et transparente : « Tant qu’il ne dit pas la vérité, nous demanderons à la CPI de reprendre ce dossier. Entre lui et moi, rien n’est terminé », a-t-il martelé, accusant directement Moussa Dadis Camara d’avoir ordonné la répression sanglante du 28 septembre 2009, qui avait fait plus de 150 morts et des centaines de blessés selon les Nations unies.
L’ancien commandant des forces armées guinéennes affirme avoir été à plus de 1 000 kilomètres de Conakry au moment des faits, récusant toute implication personnelle. Il estime que le procès en cours à Conakry n’a pas permis d’établir les responsabilités avec clarté.
Malgré les initiatives de réconciliation impulsées par le président Mamadi Doumbouya, les propos du général Konaté viennent rappeler la profondeur des fractures laissées par la tragédie du stade : « Le président nous a réconciliés, certes, mais qui a menti sur moi à la barre ? La lutte va continuer », a-t-il insisté, promettant de « poursuivre le combat jusqu’à la CPI ».
En réclamant la reprise du dossier par la Cour pénale internationale, Sékouba Konaté replace la question de la vérité et de la responsabilité au cœur du processus de réconciliation nationale.
Pour de nombreux observateurs, cette sortie pourrait rouvrir des plaies encore vives dans la mémoire collective guinéenne. Mais pour l’ancien homme fort du CNDD, aucune paix durable ne saurait s’imposer « sur le mensonge ou l’impunité ».
Gnima Aïssata Kébé