Ce jeudi 4 septembre 2025, le monde célèbre la Journée mondiale de la santé sexuelle, une date symbolique pour sensibiliser à une dimension essentielle du bien-être humain, trop souvent reléguée au silence ou à la stigmatisation. À cette occasion, notre rédaction a rencontré le Dr Ben Youssef Keïta, directeur médical , pour décrypter les enjeux d’une sexualité saine, responsable et pleinement informée.
Pour le Dr Keïta, l’éducation à la sexualité est un passage incontournable dans la vie de chaque être humain. Dès l’adolescence, les transformations hormonales (testostérone chez les garçons, progestérone et œstrogène chez les filles) déclenchent les premiers désirs sexuels : « C’est une évolution normale de l’organisme », souligne-t-il.
Pourtant, il déplore le manque d’accompagnement des jeunes dans cette phase cruciale : « Si les enfants ne sont pas bien informés, c’est à ce moment qu’ils peuvent contracter des infections sexuellement transmissibles (IST) comme la syphilis, la gonorrhée, l’hépatite ou le VIH/SIDA, ou encore faire face à des grossesses non désirées. »
Le Dr Keïta insiste : l’école et la famille doivent être les premiers espaces d’éducation sexuelle. Il préconise une introduction de ces sujets dès le collège, lorsque les jeunes, entre 14 et 18 ans, sont déjà confrontés aux réalités de leur sexualité : « Il ne doit pas y avoir de tabou. Le manque d’information engendre la désinformation, et c’est là que les risques explosent. Au tant vous cherchez à cacher, plus la curiosité de découvrir grandit chez l’enfant voir l’adolescent. »
Il rappelle également l’importance d’un dialogue ouvert entre les parents et les enfants, notamment entre mères et filles, sur des sujets tels que les menstruations, la contraception ou les relations sexuelles. Car les conséquences peuvent être dramatiques : avortements clandestins, complications médicales, voire décès.
Des chiffres qui interpellent
Les statistiques mondiales de l’OMS confirment l’urgence d’agir :
Près de 1 million de nouvelles infections sexuellement transmissibles sont contractées chaque jour dans le monde.
50 % des grossesses non désirées sont liées à un défaut d’accès à la contraception ou à une information insuffisante.
35 % des femmes dans le monde ont subi des violences sexuelles ou physiques.
Une éducation complète à la sexualité permettrait de réduire de 40 % les comportements sexuels à risque chez les jeunes.
Outre les familles et les établissements scolaires, Dr Keïta appelle les médias, y compris les radios communautaires, à jouer un rôle central dans la diffusion d’informations fiables sur la sexualité : « Les jeunes doivent être encouragés à consulter leur médecin de famille, une sage-femme ou un médecin généraliste. Ils recevront non seulement des informations claires sur leur développement sexuel, mais aussi des conseils en planification familiale et en prévention des IST. »
Instaurée en 2010, la Journée mondiale de la santé sexuelle est bien plus qu’un symbole. Elle est un appel à briser les tabous, à investir dans l’éducation des jeunes, et à promouvoir une sexualité épanouie, responsable et sans danger.
Gnima Aïssata Kébé