Les débats ont été ouverts ce mercredi 3 septembre 2025 devant le tribunal de première instance de Coyah, dans l’affaire Mohamed Seydouba Bangoura alias Singleton. Ce après sa première comparution le lundi 1er septembre 2025. L’artiste chanteur est accusé d’homicide involontaire qui a causé la mort de Mohamed Traoré , âgée d’une soixantaine. Les faits se sont produits au niveau du secteur de Toguiron, sur l’axe Coyah–Forécariah.
A l’ouverture de l’audition, le juge Philippe Gonga Mamy après avoir interrogé l’accusé sur son identité , lui a demandé s’il reconnaît les faits qui lui sont reprochés. Il a aussi demandé au prévenu de revenir sur les circonstances dans lesquelles l’accident est intervenue.
Prenant la parole Singleton a reconnu les faits qui lui sont reprochés avant demandé pardon aux parents de la victime ainsi que le peuple de Guinée.
Juge Philippe Gonga Mamy : Est-ce que vous les reconnaissez? Est-ce que vous reconnaissez les faits qu’on propose? Le fait de donner involontairement la mort à Lamine Traoré?
Singleton : Oui.
Juge: A présent expliquez au tribunal les
circonstances dans lesquelles ces faits ont été posés .
Singleton : Je demande, si possible, une minute de silence pour le défendre, que son âme repose en paix, qu’Allah l’accepte dans son paradis. Je me rappelle bien comme si c’était aujourd’hui. J’ai quitté ma plantation avec ma femme et mes
deux enfants, on était dans la voiture. Arrivée au niveau du virage de Toguiron après le pont, quittant Foricaria, soudain, j’ai subitement vu un motard tombant et glissant vers mon côté. Au virage, j’ai essayé de faire le coup de volant pour l’esquiver. Dès que je l’ai vu, j’ai pris le frein directement pour pouvoir le sauver. D’un coup, j’ai entendu un gros bruit et c’est fait qu’il s’est retrouvé sous la voiture. Je sais qu’il a souffert. Je suis resté dans la voiture parce que j’avais peur, j’étais paniqué, j’ai
tremblé. Parce que c’était ma première expérience. Je ne savais pas ce qui était vraiment arrivé. On est resté en place près de 10 à 15 minutes. Il y a eu des bonnes personnes qui sont venues qui m’ont aidé à le faire sortir sous la voiture. Ils l’ont transporté à l’hôpital. Moi, j’avais un pneu clévé. Je suis resté sur place. Après, on est parti à quelque chose de 20 à 30 mètres pour aller réparer le pneu de la voiture. J’étais vraiment inquiété et j’avais peur. Dès que je suis parti, je suis resté dans la maison. Je ne suis plus sorti. Sauf le jour où je suis venu le lundi pour me présenter ici. Vraiment que son
âme repose en paix.Je demande à la famille de me pardonner. Je suis vraiment choqué. Je ne l’ai pas fait exprès.
Je ne l’ai pas fait exprès. Que la famille essaie de me pardonner. Je demande pardon à la famille Traoré. Je demande pardon à toute la Guinée et à la justice aussi de me pardonner. Je ne l’ai pas fait
exprès.
Juge: Après l’accident, est-ce que vous vous êtes arrêté pour voir l’état de la voiture?
Singleton : J’étais dans la voiture paniquée. J’étais paniqué. Il a fallu que ma femme prenne le volant pour rentrer à la maison.
Juge: Est-ce que vous avez appris
que monsieur Traoré était décédé et qu’il était à l’hôpital ?
Singleton : Je savais qu’il était décédé. Après j’ai formé ma famille.
Juge : Est-ce que vous vous êtes rendu à l’hôpital pour constater vous-même
la situation?
Singleton : J’avais peur. C’est pourquoi j’ai demandé à ma famille d’aller rencontrer la famille. Ils sont allés à
l’enterrement. Après, ils m’ont informé. Mais c’est la peur qui a fait que je ne suis pas venu là.
Juge : Est-ce qu’avant l’accident, vous étiez en train de rouler à vive allure ?
Singleton : C’était un virage. On ne file pas au virage.
Juge: Est-ce que vous étiez en train de rouler à vide à l’une?
Singleton : Non.
Juge: Qu’est-ce qui vous a empêché à l’heure que vous êtes arrivez?
Singleton : J’avais pris le frein. Il pleuvait. C’était sous la pluie. Le moment où je l’ai vu, c’était soudain.
Juge : Est-ce que vous pouvez dire qu’il est passé directement
devant vous ? Ou bien qu’il était à quelque distance de vous ?
Singleton : Il avait perdu le
monopole. Je ne sais pas ce qui est arrivé devant. Mais je l’ai juste vu en train de tomber. Il y avait un bagage derrière lui. Il se battait. Il voulait s’arrêter, mais non, il ne pouvait pas. Je l’ai vu tomber en même temps que sa moto venait vers moi. Donc il avait quitté son couloir pour venir sur mon chemin.
Juge : Vous avez dit que c’est lui qui est venu percuter votre véhicule?
Singleton : Je ne sais pas comment je vais bien le dire.
Juge : Vous n’êtes pas choqué.
Singleton : Mais j’étais dans mon couloir, en train de suivre mon couloir. Et après,
je l’ai vu. Il a dépassé les lignes blanches. Je ne sais pas comment dire vers moi. Si c’est la bonne manièrede dire ça.
Juge : Est-ce que la zone où vous étiez, c’était une zone d’affluence? Est-ce qu’il y avait plusieurs personnes à cet endroit?
Singleton : Oui. A gauche et à droite. J’ai fait le coup de ballon pour m’esquiver. Mais il y avait du monde ici. Dès que j’allais faire force, j’allais aussi percuter tous les gens qui étaient à ma droite.
Juge : Est-ce que selon vous, quand un accident se produit, on doit quitter
immédiatement les lignes?
Singleton : Je ne n’ai pas quitté immédiatement. Je suis resté.
Juge : Est-ce que ce jour-là, un constat avait été fait pour savoir si il y a eu un accident?
Singleton : J’étais dans la voiture, tête baissée.
Juge : La question c’est, est-ce qu’un constat avait été fait ce jour?
Singleton : Je n’ai pas remarqué cela. J’étais dans la voiture, tête baissée.
Juge : Est-ce que le constat pouvait être fait ce jour-là , que vous avez
déjà quitté les lieux.
Singleton : Je suis resté là-bas presque 20 minutes jusqu’à ce qu’on allait mettre l’air dans le pneu.
Juge : Logiquement, quelqu’un vient de mourir. Vous, vous êtes dans votre véhicule, votre première réaction, c’est
de quitter les lieux ?
Singleton : Qu’ils me pardonnent
Juge: Vous avez vu M. Traoré quand il est tombé?
Singleton : Oui.
Juge : Alors là, pourquoi vous n’avez pas dévié ?
Singleton : Si j’avais dévié à mes forces, j’allais percuter secrètement à ma droite.
Juge: Alors là, pourquoi vous n’avez pas arrêté?
Singleton : J’ai pris le frein. Subitement,
parce que je l’ai vu par surprise. Il a marché sous le frein. On est rentré en collision.
Juge: Quelle a été votre attitude, M. Baboura, après l’accident?
Singleton : J’étais paniqué. Parce que
c’était ma première fois. C’est très difficile que ça s’arrive. Je ne peux jamais faire exprès pour tuer quelqu’un. Jamais.
Juge : Quand vous n’êtes pas venu nous suivre et nous soutenir, et nous accompagner à l’hôpital, et après nous laisser, nous n’avons jamais vu dans la famille. On ne peut rien faire. C’est le comportement des bons citoyens?
Singleton : J’ai envoyé ma famille. Je demande à la famille de me pardonner.
Le procès se poursuit avec la phase question réponse du procureur, et des avocats.
Gnima Aïssata Kébé