Dans une atmosphère d’émotion et de recueillement, les habitants des quartiers de Dar-Es-Salam ont commémoré ce vendredi le huitième anniversaire du drame survenu le 22 août 2017. Ce jour-là, un gigantesque éboulement de la décharge d’ordures avait englouti des habitations, faisant plusieurs morts, blessés et déplacés. Une tragédie née de l’indifférence, selon les organisateurs, qui aujourd’hui encore, dénoncent l’inaction et appellent à la justice.
Réunis autour d’une marche blanche et de cérémonies de prières, les familles des victimes, des jeunes du quartier, des ONG et des leaders communautaires ont fait entendre une voix unie : celle de la mémoire, de la dignité et de l’exigence d’un avenir meilleur.
C’est avec des mots tristes que Thierno Mouctar Bah, porte-parole des habitants, s’est adressé aux autorités : « Aujourd’hui, Dar-Es-Salam ne parle pas. Elle pleure. » Ces mots résonnent comme un cri du cœur, une dénonciation d’un drame évitable et d’un système qui, huit ans après, semble n’avoir tiré aucune leçon.
Dans un discours empreint de solennité, il a rappelé que « ce ne sont pas seulement des ordures qui se sont effondrées ce jour-là, ce sont des vies, des règles, des destins. » L’éboulement est décrit non comme un accident, mais comme la conséquence d’une négligence prolongée et d’un silence institutionnel coupable.
La décharge, toujours en activité, est perçue comme une menace permanente : « Elle fume encore, elle tue encore à petit feu. » Face à cela, le message du quartier est clair : « Plus jamais ça. »
Les discours prononcés ont insisté sur la nécessité d’agir immédiatement. Thierno Mouctar Bah a lancé un appel direct aux autorités : fermeture et délocalisation de la décharge, reconnaissance officielle des victimes, et mise en œuvre d’un véritable plan national de gestion des déchets.
De son côté, Mohamed Naby Cissé, président du Conseil de quartier de Dar-Es-Salam 2, a exprimé sa solidarité envers les familles endeuillées et a salué l’initiative citoyenne portée par les jeunes et les ONG locales : « Aujourd’hui, ils ne sont pas parmi nous. Le seul moyen que nous pouvons faire pour eux, c’est les prières, les sacrifices. » Il a également souligné les nombreux déguerpis qui, huit ans plus tard, n’ont toujours pas été indemnisés.
Ce 22 août 2025, les habitants n’ont pas seulement rendu hommage aux disparus. Ils ont aussi voulu redonner un sens à leur lutte. Ils ont transformé le deuil en revendication citoyenne, l’oubli en mémoire vive. Ils ont rappelé que Dar-Es-Salam n’est pas une zone oubliée, mais « un cœur qui bat, une dignité qui résiste, un peuple qui espère. »
Gnima Aïssata Kébé