La Guinée traverse actuellement une crise de liquidité qui affecte gravement le fonctionnement du système bancaire et la confiance des usagers. Face à cette situation préoccupante, le Secrétaire général de la Fédération Syndicale Autonome des Banques, Assurances et Microfinances de Guinée (FESABAG), par ailleurs président de l’Union Syndicale des Travailleurs de Guinée (USTG), Abdoulaye Sow, s’est exprimé pour alerter l’opinion publique et les autorités sur la gravité de la crise, tout en appelant à des solutions urgentes et concertées.
Selon Abdoulaye Sow, cette crise est avant tout une crise de liquidité, également qualifiée de « crise de cash ». En d’autres termes, les institutions financières manquent de monnaie fiduciaire (billets) pour répondre à la demande des clients. Ce déséquilibre s’explique en partie, selon lui, par des dépenses extra-budgétaires de l’État : « L’État a dépensé de trop, il faut le dire », a-t-il affirmé sans détour.
Dans un pays où l’économie repose fortement sur les transactions en espèces, ce manque de liquidités freine la circulation monétaire, complique le fonctionnement des banques primaires et affecte directement les particuliers et les entreprises.
La Banque centrale, qualifiée de « banque des banques », est interpellée. Pour Sow, elle doit faciliter le refinancement des banques primaires et leur permettre d’accéder plus aisément à leurs avoirs pour répondre aux retraits des clients : « Quand les banques n’ont pas d’encaisses suffisantes, elles ne peuvent ni satisfaire leurs clients ni accorder de crédit. »
Abdoulaye Sow préconise la mise en place d’une « task force » regroupant la Banque centrale, le ministère de l’Économie et des Finances, et la FESABAG pour réfléchir ensemble à des solutions immédiates et durables. Il insiste sur la nécessité d’inciter les populations à faire confiance aux banques, en leur garantissant la sécurité et la fluidité des opérations, tout en assainissant la gestion monétaire nationale.
Il rappelle que dans les années 1970, la méfiance envers les institutions financières avait entraîné une rétention massive de liquidités par les ménages, avec des conséquences dramatiques.
Le syndicaliste met en garde contre les risques à long terme d’une crise non résolue: « Si elle perdure, elle peut être très grave, car elle entraînera une inflation galopante, véritable cancer pour l’économie. »
En dépit de la gravité de la situation, le président de l’USTG note des signes d’ouverture, notamment l’organisation d’une réunion par la Banque centrale impliquant le vice-gouverneur. Il espère que cette dynamique sera élargie pour inclure tous les acteurs concernés, notamment les syndicats du secteur.
Gnima Aïssata Kébé