La Guinée franchit une étape majeure dans la lutte contre le paludisme avec l’introduction officielle du vaccin antipaludique RTS,S/AS01, administrable dès l’âge de 5 mois. Le lancement national a eu lieu ce mercredi 13 août 2025 à Conakry, en présence du Premier ministre Bah Oury, de plusieurs membres du gouvernement, de partenaires techniques et financiers, ainsi que d’acteurs sanitaires.
Le paludisme reste un fléau en Guinée, particulièrement chez les enfants de moins de 5 ans. En 2023, le pays a enregistré 2,7 millions de cas et plus de 1 400 décès, dont 68 % chez les jeunes enfants. Le nouveau vaccin permettra de renforcer les efforts de prévention existants, en complément de la distribution de moustiquaires, de la chimioprévention et du traitement rapide des cas.
La représentante des partenaires techniques et financiers, Madalena, a rappelé que 94 % des cas de paludisme et 95 % des décès sont enregistrés en Afrique. L’introduction du vaccin RTS,S, déjà mis en œuvre au Ghana, au Kenya et au Malawi depuis 2019, a montré des résultats probants. À ce jour, 19 pays africains ont intégré ce vaccin dans leur programme national de vaccination. La Guinée devient ainsi le 20e pays du continent à adopter cette solution scientifique.
Pour cette première phase, quatre districts à forte prévalence sont ciblés : Mamou, Gaoual, Kankan et Yomou. Le vaccin sera administré en quatre doses aux enfants âgés de 5 à 23 mois, dans le cadre du Programme élargi de vaccination (PEV).
Une innovation importante accompagne ce déploiement : le couplage de la vaccination avec l’enregistrement des naissances. Cela permettra à chaque enfant vacciné d’obtenir également un acte de naissance, renforçant la coordination entre les services de santé publique et l’état civil.
Dans un discours relayant la voix de la ministre de la Santé, actuellement en congé, Charlotte Daffé, ministre de la Promotion féminine, de l’Enfance et des Personnes vulnérables, a souligné l’importance de cette initiative dans la réduction de la mortalité infantile :
« Grâce à ce vaccin, nous franchissons une étape décisive dans la protection de nos enfants. Ce n’est pas un vaccin expérimental, mais un produit homologué par les instances internationales. »
De son côté, le Premier ministre Bah Oury a mis en avant la dimension historique de cet événement : « Le droit à la santé est un droit constitutionnel. L’introduction de ce vaccin est la matérialisation de cette promesse républicaine. C’est aussi une réparation pour les générations d’enfants non vaccinés dans le passé. »
Il a rappelé qu’en 2022, seulement 47 % des enfants guinéens étaient vaccinés. Ce chiffre a atteint 63 % en 2025, une progression remarquable, fruit d’investissements ciblés et d’une politique volontariste de santé publique.
« Ce vaccin est une victoire pour la science, mais aussi pour chaque famille guinéenne », a déclaré Madalena. « Ensemble, nous construisons un avenir sans paludisme. »
La Guinée entend poursuivre l’extension progressive de ce vaccin à l’ensemble du territoire national. En parallèle, d’autres initiatives sont en cours, notamment l’introduction prochaine du vaccin contre le papillomavirus H1N1, afin de renforcer la prévention des cancers chez les femmes..
Gnima Aïssata Kébé