Alors que les tensions politiques refont surface en Guinée à l’approche du 5 septembre, date annoncée par l’Union des Forces Vives de Guinée (UFVG) pour une manifestation, les réactions ne se font pas attendre. Deux figures politiques majeures, Ousmane Dady Camara, président du Rassemblement Guinéen pour le Travail (RGT), et Dr Ibrahima Sory Diallo, président de l’Union Sacrée des Forces Vives de Guinée, se sont exprimées ce mardi 12 août 2025 pour livrer leurs positions. Des visions différentes sur la gestion de la transition et le rôle des acteurs politiques dans ce processus.
Pour Ousmane Dady Camara, l’appel à manifester lancé par l’UFVG arrive à un moment inopportun, alors que le pays est engagé dans une campagne pour un référendum constitutionnel. Selon lui : « les manifestations sont interdites sur le territoire national par l’autorité en place », rappelant que les acteurs politiques ont d’autres moyens d’expression démocratique, comme le vote.
Il invite ainsi les membres de l’UFVG à rejoindre la table des discussions, soulignant l’ouverture annoncée récemment par le Premier ministre pour un dialogue encore plus inclusif : « Tout se règle autour de la table », affirme-t-il, dans un appel au calme et à la responsabilité.
S’agissant de l’intervention de Cellou Dalein Diallo sur les ondes de RFI, Ousmane Dady Camara s’est montré particulièrement critique. Il estime que l’ancien Premier ministre, exilé depuis trois ans, n’est plus en phase avec la réalité guinéenne : « Il se trompe quand il dit que rien n’est mis en place pour organiser des élections transparentes. À date, nous avons une équipe électorale, le recensement est fait, nous sommes prêts. »
Il en appelle à l’unité nationale et à la mise en avant des priorités du pays : « Ce n’est pas le choix d’un homme qui compte, mais celui de toute une nation tournée vers le développement. »
De son côté, Dr Ibrahima Sory Diallo adopte un ton plus mesuré. Tout en reconnaissant que l’Union Sacrée des Forces Vives de Guinée est une entité distincte de l’UFVG, il salue la liberté d’expression de Cellou Dalein Diallo : « Il a soulevé des manquements dans la conduite de la transition. Nous ne pouvons pas lui refuser cela. Il s’est fondé sur des vérités. »
S’il prend acte de la déclaration de l’UFVG, Dr Diallo annonce que son organisation est en pleine phase d’analyse et qu’une position officielle sera communiquée prochainement : « Nous allons examiner la situation et donner notre point de vue dans les jours à venir. »
Il dénonce par ailleurs la prolifération des mouvements de soutien qui, selon lui, affaiblissent la démocratie et dénaturent l’esprit de compétition politique : « Des acteurs politiques abandonnent leur vision pour rejoindre des dynamiques de soutien. Nous, à l’Union Sacrée, sommes des compétiteurs. Nous comptons respecter le contenu de la transition jusqu’au bout. »
Gnima Aïssata Kébé