Kampala, 5 août 2024 – Devant un public curieux et passionné, le Syli Local de Guinée a parfaitement lancé sa campagne dans le Championnat d’Afrique des Nations (CHAN) 2024, en s’imposant face au Mena du Niger sur le score étriqué mais précieux de 1-0. Une rencontre âpre, disputée sur un rythme irrégulier, mais que les hommes de Souleymane Camara « Abedi » ont su faire basculer en leur faveur, au prix d’un réveil tactique en seconde période.
Alhassane Bangoura, homme du match : la victoire du collectif
Élu homme du match par la CAF, le milieu guinéen Alhassane Bangoura a brillé par son activité et son abattage dans l’entrejeu. Mais c’est en vrai leader qu’il a préféré saluer l’effort collectif plutôt que de s’attarder sur sa distinction :
« C’est toujours essayer de mobiliser les autres pour dire que rien n’est encore fait. Nous devons nous remobiliser. L’objectif n’est pas encore atteint. »
« Aujourd’hui je suis très très content. Mais je ne considère pas que c’est un trophée personnel. C’est le fruit d’un travail collectif qui a payé. Donc, je suis content et très fier. »
Coach Abedi : entre satisfaction, exigence et lucidité
Malgré la victoire, Souleymane Camara « Abedi » n’a pas versé dans l’euphorie. Connu pour son franc-parler, le technicien guinéen a livré une analyse sans fard :
« On a gagné. Moi je pense que pour l’instant nous sommes très satisfaits de ce résultat. L’objectif était de faire une belle entame. Vu que nous avons gagné, il faut avoir la tête sur les épaules et préparer le prochain match. »
Mais à la pause, l’ambiance était toute autre dans le vestiaire du Syli :
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« C’était chaud dans les vestiaires. Connaissant Abedi, c’était chaud. Je n’ai pas insulté mais il fallait monter très haut pour leur faire comprendre que si Lamine Yamal est aujourd’hui l’un des meilleurs joueurs à 17 ans, ça veut dire qu’il a montré de l’envie… donc il ne faut pas qu’ils pensent que non, nous sommes des jeunes. Aujourd’hui, c’est le haut niveau, ça ne pardonne pas. Quand on dit A’, c’est le chemin. »
« En première mi-temps, je n’ai pas du tout reconnu mon équipe. En 2ème mi-temps, ils étaient là et ils ont écouté les consignes données. Et l’action du but, ça a été préparé. »
Un but bien construit, fruit d’un travail d’animation offensive longuement répété à l’entraînement. Mais pour le sélectionneur, la suite du tournoi est encore longue :
« Félicitations aux joueurs et au staff. Mais gagner un match et préparer la continuité font deux. Il faut préparer la continuité. La continuité, c’est de chercher à gagner ou à défaut avoir un match nul. »
Gardien de but : Ousmane récompensé par la confiance
Titularisé dans les buts à la place de Mory, Ousmane a livré une prestation rassurante. Un choix assumé par son sélectionneur :
« Ousmane, il est là pour ça. Si on lui a fait confiance, c’est pour nous sauver. Il était deuxième derrière Mory. Chacun cherche sa place, il y a une concurrence, c’est pour cela que nous avons fait le bon choix pour ne pas tricher. Je pense que tout le monde a faim. C’est à lui de tenter sa chance. »
Manque d’efficacité devant le but : un chantier ouvert
Malgré une domination globale en seconde période, la Guinée a laissé passer plusieurs occasions nettes. Un point noir que le staff veut rapidement corriger :
« Nous avons suffisamment travaillé, mais moi je n’aime pas blâmer mes joueurs. Quand ça ne va pas, j’assume. Nous allons continuer encore à travailler. Ce n’est pas évident de récupérer tous ces jeunes et travailler en un mois. »
« À part la Guinée, ce ne sont que des joueurs expérimentés. Est-ce qu’il faut se baser sur ça ? Moi je pense qu’en ce moment, c’est le mental, le discours et l’entraînement. »
« Ce sont des professionnels qui jouent le championnat. Ils doivent finir les actions. Ce n’est pas Abedi qui doit finir les actions, moi je suis à ma place. Avec le staff, je leur apprends. C’est à eux de concrétiser pour nous mettre à l’abri. »
Souffrance dans le jeu, prise de conscience, adaptation tactique… Le coach guinéen a résumé la prestation de ses hommes avec franchise :
« À un moment donné, j’ai failli tomber, mais bon, on a gagné. Dieu merci. »
« Pendant 25 minutes, on n’a pas du tout existé, on avait même du mal à faire 4, 5 passes de suite. Au fil du temps, on a subi et nous avons résisté, et nous avons récupéré le match. »
Et d’alerter avant le choc contre l’Ouganda, pays hôte :
« Vous avez vu beaucoup de matches. Il y en a qui commencent fort, après ils baissent l’intensité. Il y en a qui commencent moins, après ils gagnent le match en 2ème mi-temps. Alors si en 2ème mi-temps, nous avons gagné, certes il y a eu des changements et des discours costauds, et les enfants ont compris pourquoi nous sommes là. Je pense que le plus important maintenant, c’est de préparer le deuxième match, et ça ne va pas être facile pour nous. »
Le Niger pas abattu : « On va corriger »
Côté Mena, la déception est visible mais l’espoir reste intact. Le milieu de terrain Abdeljelil Ahamat Ben Hameda l’a exprimé sans détour :
« C’est vrai qu’on a perdu, mais le tournoi reste encore long parce qu’on a trois autres matchs à jouer. Donc ça reste jouable encore. »
« Le départ, c’était bien parce qu’on avait bien joué. On avait une chance aussi, mais on n’a pas pu concrétiser. Mais on pense à corriger pour le prochain match. »
Même ton chez l’attaquant Nounou Yacouba Ali, lucide sur les carences offensives :
« Pour notre première sortie, vraiment, on a perdu un peu de sérénité.
Je crois que pour la prochaine sortie, on va essayer de faire plus. On a manqué de finition devant les buts. On va essayer de corriger tout ça. »
Prochain rendez-vous : Guinée – Ouganda
Avec cette victoire, la Guinée engrange trois points d’entréee et est co-leader du groupe C. Mais rien n’est encore joué, et les regards sont désormais tournés vers la prochaine journée, qui pourrait déjà s’avérer décisive.
Alpha Oumar DIALLO, depuis Kampala
