La nuit du 30 au 31 juillet 2025 restera gravée dans la mémoire des habitants de Conakry plus précisément à Simanbossia, un secteur durement frappé par une inondation meurtrière. Sous des pluies diluviennes tombées sans interruption dès minuit, une famille entière a été décimée, emportée par les eaux qui ont ravagé plusieurs habitations.
« La situation, c’est un drame qui nous est arrivé », confie Moïse Kamano, chef de secteur de Lénoyah à Simanbossia, encore sous le choc :
« Une forte pluie est tombée dans la nuit. Les murs d’une maison se sont effondrés, causant la mort de quatre personnes : une mère et ses trois enfants. »
Face à l’urgence, les habitants du quartier se sont mobilisés toute la nuit, de minuit à cinq heures du matin. Une commission de recherche des disparus a été formée et répartie en trois groupes. À l’aube, les premières victimes sont retrouvées. Le corps sans vie de la mère, enseveli sous les décombres de sa maison, est extrait et transporté à la morgue par les forces de l’ordre. Plus tard, un autre corps celui de la fille aînée est localisé plus en aval. Les recherches se poursuivent pour retrouver les deux plus jeunes enfants.
Benjamin Kamano, le père de famille, rescapé du drame, raconte avec émotion les événements qui ont bouleversé sa vie. Convalescent depuis plusieurs jours, il dormait chez lui lorsque le drame s’est produit :
« J’ai entendu les enfants pleurer : “Papa, l’eau est rentrée !” », se remémore-t-il. Pris au piège, il tente de fuir mais la force de l’eau bloque la porte. « Le mur est tombé sur ma femme. Mes enfants étaient de l’autre côté. Je n’ai pas pu les sauver. »
Les victimes, toutes hébergées chez le couple Kamano, portaient le prénom Maciré, en hommage à la défunte mère. La plus âgée, N’natoma, 17 ans, était la fille du frère de Benjamin. Les deux autres enfants, Maciré Kamano et Maciré Soumah, étaient âgées respectivement de 5 et 3 ans. Seul le corps de l’adolescente a été retrouvé. Les recherches pour retrouver les deux plus jeunes se poursuivent, dans une ambiance de tristesse et d’angoisse.
Outre cette tragédie familiale, de nombreuses habitations ont été touchées par l’inondation. Si les pertes humaines se limitent à cette seule famille, les dégâts matériels, eux, sont considérables.
Dans un appel lancé aux autorités, le chef de secteur Moïse Kamano exhorte à une action rapide : « Construire au bord du marigot est dangereux. J’invite tous ceux qui y vivent à envisager sérieusement de quitter les lieux. Il faut prévenir d’autres drames. » Un message repris avec douleur par Benjamin Kamano : « Là où je suis, je n’ai plus rien. Mais je regrette surtout la perte de mes enfants. Rien n’est plus précieux que la vie. »
En cette période de fortes pluies, les habitants des zones à risque demandent plus que jamais l’assistance de l’État. Pour eux, il ne s’agit plus seulement de reconstruire, mais d’éviter que pareille tragédie ne se reproduise.
Gnima Aïssata Kébé