À l’occasion de la Journée mondiale de la lutte contre la traite des êtres humains, célébrée chaque 30 juillet, le ministère de la Promotion féminine, de l’Enfance et des Personnes vulnérables a organisé ce mercredi une conférence de presse de haut niveau. Placée sous le thème « La traite des personnes est un crime organisé : mettons fin à l’exploitation », cette rencontre a réuni cadres ministériels, partenaires techniques et financiers, ainsi que des représentants d’organisations nationales et internationales engagées dans la lutte contre ce fléau mondial.
Le conseiller juridique du ministère Aboubacar Sidiké Camara, a présenté un état des lieux des efforts de collecte de données sur la traite en Guinée, tout en soulignant les défis majeurs liés à l’harmonisation des statistiques : « Plusieurs structures nationales (OPROGEM, SCPPV, justice, services déconcentrés) alimentent une base de données consolidée, croisée avec les exigences de partenaires tels que l’ONUDC, la CEDEAO ou le Département d’État américain.
Selon les données disponibles : 80 % des victimes d’exploitation sexuelle identifiées sont des femmes, dont 30 % sont des mineures ; Dans les cas de travail forcé domestique, 30 % sont des femmes adultes et 15 % des jeunes filles, souvent déplacées des zones rurales vers Conakry ; Concernant la pornographie, 65 % des victimes sont des enfants et 35 % des femmes adultes ; Aucun cas de prélèvement d’organes n’a été officiellement recensé à ce jour. »
La représentante adjointe du Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme en Guinée, Madame Davi Kossiwa Didi, a réaffirmé l’engagement du HCDH à soutenir le Comité national de lutte contre la traite des personnes (CNLTPPA): « Un plan d’appui est prévu sur les trois prochaines années autour de quatre axes majeurs : Renforcement du cadre légal ; Soutien à la coordination institutionnelle ; Formations spécialisées pour magistrats, agents de sécurité, et OSC ; Campagnes de sensibilisation communautaire. »
Lorraine NDayirukiye, représentante de l’OIM, a pour sa part souligné l’émergence inquiétante de la cybertraite, avec une exploitation numérique accrue des victimes via les réseaux sociaux et les plateformes de recrutement. Elle a rappelé que la Guinée figure toujours sur la Watch List du niveau 2 du rapport 2024 du Département d’État américain, signalant des efforts notables mais encore insuffisants, notamment en matière de poursuites judiciaires, d’identification des victimes, et de coordination inter institutionnelle: « L’OIM a déjà :Formé plus de 400 acteurs à l’identification et la protection des victimes ; Assisté plus de 500 victimes depuis 2020 ; Mené des campagnes de sensibilisation dans les zones frontalières et à haut risque de migration ;Renforcé la coopération transfrontalière pour la réintégration des victimes. Tant qu’un enfant, une femme, un homme sera exploité dans l’ombre, notre combat ne sera pas terminé. »
Le lieutenant Hamidou Diallo, du Service central de protection des personnes vulnérables (SCPPV), a mis en lumière les mécanismes d’intervention de la Gendarmerie, à travers les plaintes, signalements par ONG, ou encore les commissions judiciaires. Il a également présenté les avancées en matière de prise en charge des victimes, notamment l’ouverture d’un centre de transit et d’un espace de premiers soins, contribuant à une meilleure prise en charge des femmes et enfants en détresse.
Gnima Aïssata Kébé