La Chambre de jugement de la Cour de Répression des Infractions Économiques et Financières (CRIEF) a tenu, ce lundi 28 juillet, une nouvelle audience dans le dossier opposant le ministère public et l’État guinéen à Yamoussa Keita, Lamine Sangaré et l’Agence Internationale de Promotion Pharmaceutique (AIPP).
Poursuivis pour atteinte à la santé publique, détention illégale, importation, transfert et commercialisation illicites de produits pharmaceutiques, les prévenus font face à de lourdes accusations, auxquelles s’ajoute une dimension institutionnelle avec l’implication de l’Ordre National des Pharmaciens de Guinée.
L’un des points majeurs de cette audience a porté sur la demande de constitution de partie civile de l’Ordre des pharmaciens, représenté par Me Bakary Millimouno. Dans une démarche formelle, l’institution a déposé sa lettre de constitution accompagnée des pièces justificatives, souhaitant ainsi faire valoir ses droits dans cette affaire à forte portée sanitaire.
Mais cette initiative a immédiatement suscité une vive opposition de la part des avocats de la défense. Ces derniers ont soulevé une exception visant la capacité juridique de l’Ordre à ester en justice, exigeant la présentation d’un agrément officiel pour justifier sa personnalité juridique.
Me Millimouno a répliqué avec fermeté, rappelant que l’Ordre des pharmaciens n’est pas une association soumise à autorisation administrative, mais une institution professionnelle fondée sur la loi 024, disposant donc de toutes les prérogatives nécessaires pour se constituer partie civile.
Après avoir examiné les arguments des deux camps, la Cour a tranché : la constitution de partie civile de l’Ordre national des pharmaciens de Guinée est déclarée recevable. Cette décision confère une nouvelle dimension au procès, renforçant la légitimité des acteurs du secteur pharmaceutique dans la lutte contre les dérives qui menacent la santé publique.
Cependant, en raison de l’absence de l’avocat représentant l’État guinéen, principal plaignant dans ce dossier, la Cour a préféré renvoyer l’affaire au 20 octobre 2025. Une décision prise dans un souci de garantir un climat d’échange serein et équitable pour toutes les parties.
Gnima Aïssata Kébé