Le dossier judiciaire impliquant deux anciens hauts responsables du régime déchu d’Alpha Condé, Dr Ibrahima Kassory Fofana et Dr Mohamed Diané, connaît un nouveau rebondissement. La chambre des appels de la Cour de répression des infractions économiques et financières (CRIEF) a une nouvelle fois renvoyé leur procès en appel, reportant l’audience au 9 octobre prochain. Une décision motivée par une recomposition de la Cour, selon l’institution.
Ce nouveau report, le cinquième depuis l’ouverture de la procédure en appel, suscite une vive réaction du camp de la défense. Me Sidiki Béreté, avocat de l’ancien Premier ministre Kassory Fofana, dénonce un ‘’déni de justice ‘’ et évoque un acharnement judiciaire contre ses clients : « Ils sont malades, ils sont en détention depuis quatre ans sans jugement en appel. Cela dépasse les limites de l’acceptable dans un État de droit. On était pourtant à l’étape finale dans le dossier de Dr Diané. Subitement, un conseiller est retiré de la composition et l’audience est renvoyée juste après les élections. Sans explication claire», a-t-il déclaré à la presse à l’issue de l’audience, tout en estimant que la défense estime que les reports successifs révèlent une volonté manifeste de retarder indéfiniment la procédure .
Au-delà du volet judiciaire, la défense pointe du doigt une instrumentalisation politique du dossier : « Cette procédure n’a plus rien de judiciaire. Elle est clairement pilotée. La justice est sous pression et c’est extrêmement dangereux », martèle Me Béreté, qui appelle à un procès équitable dans un délai raisonnable.
Selon lui, le ministère public fait preuve d’une passivité troublante, voire complice. Il évoque l’article 486 du Code de procédure pénale guinéen, qui permet à la Cour de se déplacer pour entendre un prévenu malade une disposition qui, selon la défense, aurait dû être appliquée depuis longtemps.
Dr Ibrahima Kassory Fofana a été condamné en première instance à cinq ans de prison ferme et à une amende de deux milliards de francs guinéens. Ses avoirs à la banque VistaGui ont été saisis au profit de l’État, et il a été sommé de verser 15 milliards de francs en remboursement, assortis de 3 milliards au titre de dommages et intérêts.
Son co-accusé, Dr Mohamed Diané, ancien ministre de la Défense, a écopé d’une peine identique de cinq ans d’emprisonnement, assortie d’une amende de 5 milliards et de 500 milliards de francs guinéens de dommages et intérêts. Ses biens immobiliers et ses comptes bancaires ont également été confisqué.
Gnima Aïssata Kébé